Atelier sur « Renforcement musculaire du coureur » avec Bas Van Hooren par Serge Olivares
Retour sur un Atelier organisé par l’AEIFA sur le « Renforcement musculaire du coureur » avec Bas Van Hooren.
Bas Van Hooren est doctorant en sciences du sport à l’université de Maastricht, Il a publié dans des revues à comité de lecture, des articles sur divers aspects de l’entraînement ; validité de l’utilisation d’un cardiofréquencemètre, course sur tapis roulant, intérêt du retour au calme, travail des ischios jambiers dans la course à pied, différence entre les squat-jumps avec ou sans contre mouvement … mais aussi sur les statistiques. Certains de ces articles sont en libre accès sur le blog de Bas : http://www.basvanhooren.com/blog/
Il est aussi entraîneur et préparateur physique. Il a travaillé avec des équipes de football, le comité olympique Hollandais, et des coureurs à pied de tout niveau.
C’est aussi un coureur de haut niveau avec plusieurs podiums nationaux hollandais en cross et un titre sur 3000m indoor. Comme beaucoup d’athlètes il a aussi connu les blessures.
Ces trois aspects de Bas Van Hooren lui permettent d’avoir une approche particulièrement intéressante puisque l’aspect théorique et scientifique s’appuie et se confronte à une mise en pratique. Inversement une observation empirique va inciter Bas à en trouver l’explication scientifique, il va ainsi pouvoir tester sur lui-même et dans l’entraînement. Cela lui permet d’être un meilleur athlète, un meilleur coach et un meilleur scientifique. Ainsi qu’il le dit « le tout est plus que les parties »
Voici donc le programme de cette journée :
1) Pourquoi faire de la musculation
2) Théorie des systèmes dynamiques (Attracteurs et fluctuations)
3) Spécificité et surcharge
4) Musculation pour améliorer la performance et réduire le risque de blessure
5) Exemples d’exercices
6) Pratique
7) Les ischios jambiers (aspects théoriques)- voir : http://www.basvanhooren.com/blog/
1) Pourquoi faire de la musculation
La matinée a été consacrée à l’aspect théorique et a commencé par discuter de l’intérêt de faire de la musculation pour un coureur.
Le renforcement musculaire a pour effet d’augmenter la masse musculaire et donc de réduire la densité mitochondriale, de diminuer la coordination, et de ce fait vous rend plus lent
Néanmoins beaucoup d’études au contraire montrent que le renforcement musculaire permet d’améliorer l’économie de course, de prévenir les blessures. Aussi il est important de faire de la musculation, mais pas n’importe comment !
L’approche traditionnelle de la musculation a été influencé par l’haltérophilie et le culturisme. Dans ces sports on privilégie le développement de la force et l’hypertrophie musculaire, ces aspects sont pour nous un handicap et explique les réticences de certains coaches à l’utiliser.
L’idée selon laquelle plus on est fort plus on court vite est fausse. Il faut se préoccuper du transfert de la force vers la vitesse. C’est ce problème qui intéresse Bas et qui caractérise l’approche contemporaine du renforcement musculaire.
A partir d’un modèle d’une bonne technique de course, il va analyser les éléments à cibler pour améliorer l’économie de course mais aussi prévenir les blessures.
2) Théorie des systèmes dynamiques (Attracteurs et fluctuateurs)
Les degrés de liberté
Les articulations du corps humain peuvent bouger selon différents axes ; la hanche par exemple peut bouger en flexion/extension, adduction/abduction et rotations, de plus ces composantes peuvent s’additionner entre-elles.
Lors de la course beaucoup d’articulations rentrent en action, avec chacune plusieurs degrés de liberté. Pour faire ces mouvements beaucoup de muscles peuvent être utilisés, et chacun de ces muscles peut être activé d’une manière différente et selon un timing différent. Il y a donc beaucoup de choses à contrôler. Pour le cerveau vérifierdirectement chaque élément ressemblerait à conduire une voiture en contrôlant chaque roue, le levier de vitesse, le volant, la circulation, les éléments extérieurs etc.
La solution pour y arriver consiste à déléguer une partie des tâches en les laissant s’auto-organiser.
Lorsque l’on coupe la tête d’un poulet, il est encore capable de courir, ce qui montre la possibilité d’auto-organisation.
De même sur le plan interpersonnel lorsqu’on observe un banc de poisson ou un vol d’oiseaux migrateurs on note une auto-organisation spontanée sans qu’aucun animal n’ait eu à prendre de décision.
La théorie des systèmes dynamique permet de rendre compte de ces phénomènes. Le corps humain est un système dynamique complexe composé de beaucoup de sous-systèmes (muscles, articulations…) qui changent aussi dans le temps (à long terme avec la maturation et le vieillissement et à court terme avec la fatigue).
Avant de décider de faire un mouvement une multitude de mouvements sont possibles. Le cerveau envoie alors des instructions basiques et de ce fait éliminent une partie des possibilités. Le rythme et la synergie seraient quant à eux organisés dans la moelle épinière par des générateurs centraux de patrons, limitant encore un peu plus les mouvements encore possibles. Les propriétés musculaires contraignent encore davantage le mouvement de telle sorte qu’un patron de coordination émerge, partiellement produit par auto-organisation.
En course à pied compte-tenu de tout cela, seuls quelques patterns de mouvement sont possibles. Dans la théorie des systèmes dynamiques ces patterns stables sont appelés des attracteurs. D’autre patterns instables sont sous l’influence de l’environnement, ils permettent de s’adapter à l’environnement (changer de direction, sauter un obstacle imprévu, s’adapter à un changement de terrain etc), ce sont des fluctuateurs.
Dans le schéma suivant les attracteurs sont en rouge ancrés plus ou moins profondément, les fluctuateurs en jaune sont quant à eux dans une position instable.
Avec l’entraînement les attracteurs deviennent de plus en plus stables, de même avec la maturation certains attracteurs sont remplacés par d’autres plus efficaces. Plus les attracteurs sont profondément ancrés et éloignés les uns des autres moins ils peuvent changer, plus ils sont proches et moins profondément ancrés plus ils sont aptes à changer. Cela explique la difficulté à corriger des gestes acquis depuis longtemps.
Un exemple pratique est donné par la marche, lorsque quelqu’un marche, plus sa vitesse augmente moins l’attracteur de la marche est efficace puis à un moment donné l’attracteur de la course va prendre le relais. On notera que lorsque l’on fait le trajet inverse la transition course/marche ne se fait pas à la même vitesse que la transition marche/course. L’attracteur de la course est plus robuste.
Les attracteurs peuvent se décliner comme précédemment au niveau macroscopique, mais on peut les retrouver au niveau articulaire (position des articulations les unes par rapport aux autres), au niveau médullaire voire au niveau cellulaire.
Quels ont les attracteurs en course à pied ?
Qu’est-ce qu’une bonne technique de course ?
Une bonne technique de course doit être économique, stable et ne pas générer de blessures.
Il n’y a probablement pas une technique de course idéale, on peut remarquer des différences entre les techniques de course de différents champions.
La recherche a trouvé quelques éléments liés à l’économie de course (voir Running Technique is an Important Component of Running Economy and Performance. Folland JP1, Allen SJ, Black MI, Handsaker JC, Forrester SE ou Is There an Economical Running Technique? A Review of Modifiable Biomechanical Factors Affecting Running Economy. Moore IS1), mais aussi aux blessures du coureur. (Voir Is There a Pathological Gait Associated With Common Soft Tissue Running Injuries? Bramah C1, Preece SJ1, Gill N1, Herrington L, ou Running retraining to treat lower limb injuries: a mixed-methods study of current evidence synthesised with expert opinion C J Barton1,2,3,4, D R Bonanno1,5, J Carr2,6, B S Neal3,4, P Malliaras1,2,4, A Franklyn-Miller7,8, H B Menz
Les éléments mis en évidence sont :
* Une oscillation verticale limitée. Cette oscillation est le résultat d’autres éléments techniques, c’est un élément macroscopique.
* Une extension du genou lors de la phase d’appui. Un coureur « assis » n’est pas économique. Il y a plus d’énergie à fournir et les muscles ne sont pas en position idéale
Le lien avec les blessures :
Une bascule du bassin côté opposé à l’appui, une adduction et une rotation médiale de hanche, sont associées à un risque accru de syndrome rotulien, de syndrome ilio-tibial (syndrome de l’essuie-glace), et de périostite.
Un manque de raideur et de pré-tension dans la hanche et le genou peut expliquer cette chute du bassin
Un autre élément d’une technique efficace est de réduire les changements de vitesse de déplacement du bassin sur l’axe horizontal. Cela consiste à diminuer les forces de freinage induites par une foulée trop grande, et une pose de pied à l’avant du centre de gravité.
Dans une technique correcte, la pose de pied sera en plante plutôt qu’en déroulé de pied (talon, pointe).
Cela constitue deux attracteurs avec un attracteur passif (tissus) absorbant les contraintes, et un attracteur actif où les muscles fonctionnent dans des conditions de longueur optimales.
Si l’on s’intéresse à l’axe longitudinal, il s’agira aussi d’éliminer la rotation du bassin et du tronc. Cela peut être dû à un temps de poussée trop long, à un genou trop tendu à la poussée.
Attention car une extension prononcée de hanche et une flexion de genou trop importante sont associée à une antéversion du bassin qui est un facteur de risque de blessures aux ischios jambiers. Schuerman et collègues ont récemment montré avec des joueurs de football suivis sur une saison, que ceux qui avaient une antéversion du bassin étaient ceux qui dans la saison avaient été les plus à risque de blessures aux ischios-jambiers.
Un genou trop fléchi pendant la phase de suspension constitue un autre facteur affectant l’efficacité. Cette posture est souvent le résultat de phases d’appui trop longues.
Le dernier point à surveiller est la position du tronc qui ne doit être ni trop en avant ni trop en arrière. Cela permet un travail optimal des abdominaux et des spinaux.
La pose de pied
Beaucoup de résultats contradictoires sur la pose de pied, l’économie de course et les blessures.
La pose en avant pied permet une meilleure utilisation de l’énergie élastique, mais est associée aussi à une plus grande demande énergétique sur le soléaire contre balançant l’économie faite grâce à l’élasticité. Elle est aussi associée à une plus grande pré-valence de blessures au niveau des tendons d’Achille et des métatarsiens
La pose talon quant à elle est associée à une phase de freinage et d’augmentation du risque de blessures (périostite, tendinite rotulienne). La meilleure solution pourrait résider dans une attaque en plante.
Lorsque l’on regarde les athlètes d’élite, on s’aperçoit par exemple qu’au mondial 2017, sur le marathon 70% des coureurs avaient une attaque talon. Sur les courses de longue distance la pose de pied serait donc un fluctuateur et non un attracteur.
Le temps de contact :
Un temps de contact court serait associé à d’autres variables telles qu’une rotation du tronc réduite, une raideur des muscles/tendons, et une attaque du pied menant à une meilleure utilisation de l’énergie élastique et donc à une course plus économique. Le temps de contact au sol est court en raison de la raideur de la cheville.
Une plus grande raideur de la cheville permet donc aux fibres musculaires de fonctionner proches de leur longueur optimale, minimisant ainsi le travail concentrique/excentrique et les coûts en énergie qui y sont associés en augmentant l’utilisation de l’énergie élastique.
Une meilleure pré-tension avant le contact au sol, permet une poussée plus courte, moins d’extension du genou et de rotation du tronc.
3 ) Spécificité et surcharge
Force et Vitesse.
On a longtemps pensé que les sujets les plus forts étaient les plus rapides, on sait maintenant qu’il n’en est rien. Les gains liés à l’entraînement sont spécifiques et donc il est essentiel d’avoir des entraînements significatifs de notre spécialité. Cette spécificité s’applique aux mouvements choisis, à l’amplitude articulaire choisie, à la filière énergétique, à la vitesse d’exécution mais même aussi à l’heure d’entraînement. Il vaut mieux s’entraîner le matin pour une compétition le matin.
Les 6 couches de spécificité de Frans Bosch :
Plus un exercice remplit de critères plus il sera spécifique
Ces critères sont de l’intérieur vers l’extérieur :
L’intention : par exemple à la fin de la poussée en course on ne doit pas avoir de rotation du tronc, on retrouvera cette contrainte dans un exercice de montée sur une marche.
Contraction intra-musculaire, elle doit être similaire à la forme de contraction utilisée dans l’activité (concentrique, isométrique, excentrique, pliométrique)
Coordination inter-musculaire cela renvoie à l’activation des mêmes chaînes musculaires
Structure du mouvement vue de l’extérieur : c’est souvent le point de départ du choix de l’exercice, mais attention les mouvements peuvent paraître être proches en terme de structure mais être différents en terme de vitesse ou d’angles (course en côtes, course avec chariot..)
Proprioception les informations proprioceptives doivent être proches de l’activité (position des articulations, longueur des muscles..)
Informations venant de l’environnement (bruits, lumières…) Des études ont montré que la réactivité à des lumières n’étaient pas la même que la réactivité aux mouvements d’un adversaire.
On pourrait penser qu’il ne faudrait travailler que des exercices spécifiques, cela serait une erreur car le mouvement spécifique ne permet pas de surcharger suffisamment l’organisme. Il est bien sûr possible de ne travailler que la spécificité d’un côté et la surcharge de l’autre mais il est aussi judicieux de travailler entre les deux. Il est impossible d’avoir les deux aspects dans un même exercice.
Adaptations neurales et tendineuses.
La course à pied et le sprint ne demande pas seulement d’appliquer de la force mais de l’appliquer très rapidement (100ms)
Le « mou » du muscle
C’est le décalage qui existe entre la contraction musculaire et la mise en tension des tendons.
Si le muscle n’est pas prétendu, il faut « avaler le mou » avant d’avoir une action. C’est un facteur limitant de la performance. Cela peut prendre jusqu’à 100ms. Voir l’article écrit avec Frans Bosch : Influence of Muscle Slack on High-Intensity Sport Performance: A Review
Par exemple, lorsque l’on exécute un squat jump il faut « récupérer le mou » si l’on le fait précéder d’un contre-mouvement le mou a été pris et on sautera plus haut. Cette technique est efficace mais augmente le temps de réaction.
Une autre technique consiste à utiliser une charge extérieure lourde qui va appliquer une force sur l’unité muscle/tendon et réduire le « mou ». Néanmoins en course à pied il n’y a pas de charge extérieure.
La troisième stratégie consiste à utiliser une pré-tension en réalisant une co-contraction des agonistes et des antagonistes. Mais si les muscles sont contractés au moment où l’un deux doit produire de la force, celle-ci sera contrariée par la contraction de l’antagoniste. Il s’agit donc d’affiner le timing afin que la co-contraction ait cessé lors de la contraction visée. Pour la course à pied la co-contraction c’est au moment du contact au sol. De plus avec une technique de course efficace, la mise en tension permet aussi de réduire le mou (la flexion dorsale de cheville réduit le mou des extenseurs)
4) Musculation pour améliorer la performance et réduire le risque de blessure
L’influence de l’haltérophilie :
On pourrait penser que le développement de la force est sans intérêt, néanmoins il n’en est rien. Cela permet d’améliorer la coordination intra musculaire ainsi que la raideur du tendon. Dans une revue de questions Bas a trouvé que dans la majorité des études cela améliorait la vitesse de production de la force.
Pour recruter les fibres de type 2 il faut soit travailler avec des charges lourdes, soit travailler avec des charges légères mais avec beaucoup de répétitions. Mais dans ce dernier cas on va ajouter de la fatigue et développer l’hypertrophie du muscle, ce qui sera contre-productif pour un coureur.
L’utilisation de charges lourdes permet aussi de renforcer le tendon en en augmentant la raideur.
L’influence de la physiothérapie :
Pour les kinésithérapeutes le travail va commencer à vitesse lente puis aller vers des vitesses élevées sans que l’on sache si le transfert est effectif.
Réflexe et préflexe :
Notre activité demande d’appliquer beaucoup de forces en peu de temps, ce temps est même si court qu’il est inférieur à la mise en place d’une contraction réflexe (cf l’entorse de cheville). Heureusement il existe un autre mécanisme nommé préflexe (il s’agit globalement de la raideur du muscle et de son tendon) cette raideur va s’opposer à l’étirement. Le muscle étiré sera de plus, proche de sa longueur optimale de fonctionnement et donc plus efficace.
Le travail « proprioceptif » classique travaillera donc plus l’aspect réflexe alors que le travail à haute intensité sera spécifique des « préflexes ».
L’haltérophilie
Elle est donc un des moyens privilégiés de développement de la force. Elle va améliorer la coordination intra-musculaire.
Toutefois les exercices peuvent et doivent être adaptés.
Ainsi l’épaulé sera exécuté en épaulé suspendu minimisant ainsi les mouvements non spécifiques de la course (soulever de terre, squat sous la barre …), induisant moins de fatigue inutile.
Incorporation des réflexes
Ils vont permettre de développer plus de force et d’améliorer la coordination inter-musculaire.
Il s’agit donc de modifier la position de départ pour y permettre l’expression des réflexes d’extension et celui de trébuchement. Le réflexe d’extension associant la flexion d’un côté à une forte extension de l’autre, le réflexe de trébuchement lui va induire une projection vers l’avant de la jambe libre. Pour cela les positions de départ en unipodal seront privilégiées.
Quels exercices peut-on proposer aux coureurs :
La montée d’escalier en courant avec ou sans charge instable, les exercices de « good morning », les exercices de soulevé de terre, pour développer la force des muscles du dos et agir sur la raideur des tendons. Mais aussi des arrachés en fente, des arrachés en unipodal ou des épaulés sur boîte.
On utilisera aussi des courses avec une corde à sauter, des sauts au-dessus de petites haies en tenant un bâton (pour éviter les rotations).
L’essentiel étant de choisir les exercices en fonction de l’effet recherché et de la spécificité plus ou moins grande de l’exercice choisi.
Après ces informations, Bas a dirigé une session pratique où chacun a pu tester et superviser les divers exercices : travailler avec des bancs, des mini-haies des water-bags etc.
La formation s’est poursuivie ensuite par un point sur la physiologie, les pathologies la rééducation et la réhabilitation des ischios-jambiers. Cette journée dense s’est terminée quand il a fallu libérer les lieux, tant Bas s’est prêté de bonne grâce au jeu des questions/réponses.
Pour adhérer à notre association ou avoir des renseignements, une seule adresse :
AEIFA, 16 rue Vincent Compoint 75018 PARIS
Courriel : aeifa@aeifa.com Internet : www.aeifa.com
- Published in Articles publiés, Athlétisme à haut niveau, Outils pour l'entraineur
ENTRAINEMENT POLARISÉ OU PYRAMIDAL, FAITES LE BON CHOIX par Jean Claude Le Cornec
Mais qu’est qui se cache derrière l’entrainement polarisé ! Est-ce une nouveauté ? Et bien Non et peut être le pratiquez-vous déjà sans le savoir !
Leçon d’explication :
L’entrainement polarisé se différencie de l’entrainement dit « pyramidal » par son ratio. J’entends par la dénomination ratio le pourcentage de temps passé dans chaque filière énergétique.
Quelle différence, petit rappel :
Trois niveaux appelés aussi zone 1, zone 2, zone 3 d’intensité pour l’entrainement pyramidal :
- Zone 1 – Travail aérobie ou inférieur (travail à faible intensité)
- Zone 2 – Travail en CA et anaérobie (travail au seuil correspondant suivant votre niveau à une allure compétition d’une course de 10 km ou marathon en CA – suivant le niveau de pratique).
- Zone 3 – Travail de VMA ou supérieur (Vitesse Maximale Aérobie, travail que vous développez sur un travail court et intense). La VMA est la vitesse de course maximale qu’un coureur peut soutenir en condition aérobie (avec de l’oxygène).
Nota : La zone 2 est considérée comme une zone intermédiaire située entre le seuil aérobie et le seuil anaérobie (zone de transition) soit avec une intensité maximale ≤ au seuil anaérobie
Deux niveaux d’intensité pour l’entrainement polarisé :
- Travail aérobie (travail à faible intensité – à faible taux de lactates / 2mmoles) – Zone 1
- Travail à Haute intensité – Taux de lactates supérieur à 4 mmoles – zone 3
Vous remarquez de suite qu’il manque une filière énergétique. Ne cherchez plus, c’est la zone 2, dite aussi travail au seuil.
Alors maintenant quel ratio entre l’entrainement pyramidal et l’entrainement dit « polarisé »
- Entrainement en pyramide : Zone 1 – 70 % / Zone 2 – 20% / Zone 3 – 10 %
- Entrainement polarisé : Zone 1 – 80% / Zone 3 – 20%
On ne le dira et répétera jamais assez mais le travail en VMA (Zone 3) est primordial et incontournable pour espérer augmenter son niveau et progresser.
En résumé, avec un entrainement polarisé, vous consacrez la majorité de votre temps d’entrainement à un travail à faible intensité (80%) et augmentez votre temps de travail à haute intensité (20%). Et ce, contrairement à un entrainement pyramidal qui se veut comme on peut l’imaginer dans le mot pyramide plus progressif avec trois zones d’intensité d’effort. La base de la pyramide étant bien entendu le socle de l’entrainement encore appelé les fondations soit l’entrainement à faible allure. Plus on montera dans la pyramide, plus l’effort sera important avec au sommet de celle-ci l’intensité maximale.
Pour autant, même si l’entrainement polarisé a fait ses preuves, je maintiens un minimum de travail en zone 2. Exemple de travail avec l’option d’utilisation des trois zones : 75% en zone 1- 5% en zone 2 – 20% en zone 3 . Les 5% étant un travail en zone 2 ou 80% – 5% – 15%
Et en préparation aux compétitions, j’augmente ce pourcentage en incluant bon nombre de séances en zone 2 soit à l’allure spécifique course pour un marathonien (1). Ces sorties servant bien souvent de test et d’ajustement il est bien d’imprimer cette vitesse de course. Il est bien aussi de confronter l’organisme du coureur à cet effort qu’il va devoir accomplir le jour J. C’est bon pour le mental !!
Mais comment faire ?
- Je modifie le ratio 80% – 20% en diminuant le travail en zone 3.
- Je maintiens ou augmente les allures (intensité) en zone 3
- Je maintiens ou diminue le temps consacré en zone 1
- J’inclue un travail à allure course en zone 2 – Il est IMPORTANT de souligner qu’un travail en Zone 2 n’exerce d’effet adaptatif que si le temps cumulé qu’on y consacre sur une séance est au moins de 25’ – 30’.
- A l’approche de la compétition, je réduis le volume total des entrainement km et heures passées à l’entrainement)
Exemple pour un entrainement à trois zones en mode préparation course : 70% en zone 1- 20% en zone 2 – 10% en zone 3
L’entrainement à l’approche de la compétition consistera à établir un bon équilibre entre volume et intensité. Pour cela vous devrez « coller » au plus près à la vitesse de l’épreuve dont vous allez disputer tout en gardant la base de l’entrainement à faible intensité. Je m’orienterai donc vers le modèle Pyramidal
Sachez que bien bon nombre de chercheurs analysent telle ou telle méthode d’entrainement pour nous aider à choisir la meilleure façon de s’entrainer mais il restera toujours une petite part d’imprévu et ce qui est bon à l’un ne sera pas bon à l’autre.
Mon point de vue :
Cet entrainement dit « polarisé » peut être efficace en respectant certaines règles, à savoir que la charge d’entrainement sera déterminée par quatre facteurs fondamentaux:
- Le volume d’entrainement (durée), ce que vous êtes capable de faire en une semaine en kilomètres
- La fréquence d’entrainement (répétition) soit le nombre de séances semaines bi-quotidien ou pas
- Par son intensité (l’allure)
- Je terminerai par la récupération trop souvent oubliée ou négligée des coureurs mais qui rappelons le joue un rôle primordial dans les acquisitions de l’entrainement.
Yan Le Meur, chercheur à l’INSEP, préconise non pas une échelle à 3 zones d’intensité mais à 5 zones (voir tableau ci-dessous).
Attention à l’interprétation de ce tableau. Comme indiqué les pourcentages d’intensité de travail sont mentionnés en % de la FC (Fréquence cardiaque) et non en % de VMA (Vitesse Maximale Aérobie)
Yan Le Meur « A la lecture de ce tableau, les plus tatillons s’interrogeront sur l’intérêt de se compliquer la tâche en utilisant l’échelle à 5 échelons, alors qu’il est possible de se simplifier la vie en en utilisant seulement 3. Nous répondrons à cette remarque en soulignant que l’échelle en 3 zones s’avère parfaitement adaptée pour le sportif d’endurance néophyte ou débrouillé. Pour l’athlète expérimenté en revanche, son niveau de performance fait que la gamme des vitesses qu’il peut adopter à l’entraînement, sans dépasser sa vitesse maximale aérobie (la fameuse VMA) peut s’avérer bien plus grande et justifier l’intérêt d’une échelle plus fournie ».
Exemple pour un entrainement à cinq zones: 65% en zone 1- 15% en zone 2 – 5% en zone 3 – 5% en zone 4 – 10% en zone 5
En France, Véronique Billat, physiologiste et professeur des universités consacre son travail à établir un lien entre la science et l’empirisme de l’entraînement sportif en confrontant l’expérience du terrain à la théorie physiologique. A ce titre Véronique confirmera sur un groupe d’athlètes préparant les JO de Sydney le travail important passé en Zone 1 (78% du temps) sous la vitesse spécifique marathon. 4% seulement passé en zone 2 (allure marathon) et le reste du temps, 18% passé en zone 3, vitesses égales ou supérieures à celles d’une compétition de 10 km.
Au Kenya, Bob Tarhi confirme aussi cette approche. Les coureurs kenyans passent 74% du temps d’entrainement à faible intensité. (en dessous de 80% de FCM – Fréquence Cardiaque Maximale).
Si le volume global d’entrainement classique est de 120km hebdomadaire, il peut aussi monter à raison de trois entrainements par jour (10 à 16 entrainements semaine) de 160 à 240 km chez les femmes et de 200 à 280 km la semaine chez les hommes.
Bob Tarhi « En fait quand je vais au Kenya, je fais beaucoup plus de travail en endurance. Parce qu’ils en font plus mais aussi parce qu’il est impossible de faire du travail d’allure là bas à cause de l’altitude »
Jean Claude LE CORNEC
Membre du bureau directeur de l’AEIFA
Organisateur de l’Ultra Trail d’Angkor
sdpo@sdpo.com
www.sdpo.com
www.ultratrail-angkor.com
(1) Capacité aérobie située à 3mmoles de lactates pour un athlète confirmé qui correspond à 80% de sa VMA
Références :
Plusieurs études furent réalisées et cohérentes avec une progression des athlètes qui ont adopté un entrainement dit polarisé avec un volume élevé d’entrainement à faible intensité. (Stephen Seiler –
- Scand J Med Sci Sports. Octobre 2004; 14 (5): 303-10.
Caractéristiques d’entraînement et de performance des rameurs internationaux norvégiens 1970-2001.
Fiskerstrand et Seiler (2004) pour déterminer les principales caractéristiques d’entraînement et de performance des rameurs d’élite norvégiens.
Augmentation du volume d’entrainement à faible intensité (<2 mmol / l; de 30 h à 50 h · mois -1 ).
Diminution de l’entrainement à haute intensité (105% -115% VO 2max ; ~ 8–14 mmol / l de lactate) a été réduit de 23 à ~ 7 h · mois -1
- Yan Lemeur – Chercheur à l’INSEP – L’entrainement polarisé
- Does polarized training improve performance in recreational runners –
Muñoz I1, Seiler S, Bautista J, España J, Larumbe E, Esteve-Lanao J.
Muñoz I, et al. Does Polarized Training Improve Performance in Recreational Runners ? Int J Sports Physiol Perform. 2013 May 22
- Ultra-Trail – Guillaume Millet – Outdoor – éditions
- Running « Les secrets de l’entrainement Kenyan – Jérôme Sordello – Bob Tarhi – Editions Amphora
- La révolution marathon– Véronique Billat – Edition DeBoeck
Si vous êtres satisfait de nos articles, de nos colloques organisés conjointement avec la LIFA, nous ne pouvons que vous inviter à rejoindre notre association.
Pour adhérer à notre association ou avoir des renseignements, une seule adresse :
AEIFA, 16 rue Vincent Compoint 75018 PARIS
Courriel : aeifa@aeifa.com Internet : www.aeifa.com
L’ABC DU CIRCUIT TRAINING par Jean Claude Le Cornec
L’ABC DE LA PRÉPA avec le concours de Sheraz, Aline, Enzo, Nora, Franck, Greg, le club de Domont athlétisme, Jessica Pardin athlète Elite et Sylvain Boquet, entraineur à Domont athlétisme par Jean Claude Le Cornec
Tout un panel d’exercices est à votre portée. N’hésitez à supprimer une séance de course à pied pour effectuer l’ABC du circuit training. Vous n’en serez que gagnant.
Le but de la PPG en athlétisme est en premier lieu un renforcement musculaire. Comme toujours, on compare l’être humain à une voiture. Imaginez vous avez une 2 CV avec un moteur de Formule 1. Naturellement, ce n’est pas le cas pour vous. Votre moteur, c’est ce qui bat à l’interieur de votre corps mais votre carrosserie, c’est votre charpente musculaire et osseuse.
Une bonne PPG assurera en plus d’un renforcement musculaire:
- Une meilleure résistance à la fatigue
- Une augmentation du souffle
- Meilleur rendement musculaire
- Prévention à la blessure
Au travers ces quelques exercices, vous pourrez jouer sur le nombre de répétitions des enchainements que vous effectuerez. Tout est une question de bon sens, adaptez vos séances en fonction de votre niveau.
Mais avant de commencer, un petit cours d’anatomie pour mieux visualiser les chaines musculaires sollicitées.
Pour en savoir plus, clic: L’ABC DU CIRCUIT TRAINING par Jean Claude Le Cornec
OBJECTIF MARATHON – Edition du Chemin des Crêtes par Jean Claude Vollmer
Se fixer un chrono, s’entraîner, gérer sa course
Que vous souhaitiez vous aligner sur votre premier marathon ou que vous en ayez déjà plusieurs à votre actif et que votre objectif soit maintenant de faire descendre le chrono, ce livre répondra à toutes les questions que vous vous posez.
Étape par étape, il aborde l’ensemble des thématiques qui mènent vers la réussite d’une telle épreuve. Les auteurs, accompagnant au quotidien les meilleurs athlètes français, vous livrent leurs secrets. Comment se fixer un objectif adapté ? Comment construire et accorder son plan d’entraînement à son quotidien ? Comment éviter les blessures, récupérer de manière optimale et s’alimenter de manière appropriée ? Quelle préparation mentale mettre en place ?
Nos experts, entraîneur, médecin, nutritionnistes, kinésithérapeute, sophrologue, préparateur physique et sport scientists répondent précisément à l’ensemble de ces problématiques.
« La préparation d’un marathon fait intervenir une multitude de paramètres. Ce livre les aborde de manière complète, détaillée et qualitative.» Hassan Chahdi, marathonien (2h09’55’’)
Jean-Claude Vollmer
Ancien entraîneur national de demi-fond, ancien Directeur Technique National adjoint FFA, responsable du département du sport de haut niveau à l’INSEP, entraîneur de Hassan Chahdi, expert Lepape-info
- Published in Bibliothèque du Sportif, Informations diverses, Outils pour l'entraineur
Colloques d’automne : un hollandais à Paris
16 OCTOBRE 2018 – IVAN MOREAU ACTUALITÉ
Interview de Serge Olivares , organisateur du colloque de l’AEIFA (association des entraineurs d’ile de France en athlétisme) consacré au renforcement musculaire du coureur par Bas Van Hooren
Bonjour Serge et merci pour ce temps accordé en aval de ce colloque qui s’est donc tenu le 6 octobre à Pantin en région parisienne (voir programme ci dessous) . Tout d’abord comment s’est passé ce colloque ?
Très bien mais je tiens à préciser que plus qu’un colloque il s’agissait en fait davantage d’un atelier (ou workshop) tenu par notre intervenant Bas Van Horen, avec beaucoup de pratique et de démonstrations pour le public présent
L’autre particularité et curiosité de cet atelier résidait en la personnalité de Bas Van Hooren, peu connu en France . Qui est il et comment son atelier s’est il présenté pour ce colloque ?
Bas en effet, n’est pas très connu en France et j’ai eu l’occasion de le découvrir à travers l’étude d’un livre de Frans Bosch référence mondiale en préparation physique .
Bas , élève de Frans Bosch y contribuait sur certains points qui ont attiré mon attention et en consultant son site internet http://www.basvanhooren.com j’ai pu y voir l’opportunité de le solliciter pour ce type d’atelier dont il était déjà coutumier aux Pays Bas
Bas aura proposé un contenu relativement spécifique sur cet atelier consacré au renforcement musculaire du coureur. Combien de personnes ont participé à ce colloque ? Étaient-elles toutes des entraîneurs en athlétisme ?
Nous avons eu une bonne quarantaine de participants . Leur profil à cette occasion était de 2 tiers d’entraîneurs en athlétisme mais aussi 1/3 de préparateurs physiques, kiné et autres acteurs n’entraînant pas spécifiquement en athlétisme.
D’expérience , c’est une constante sur des colloques de ce type où on peut cependant regretter ne pas avoir davantage d’entraîneurs en athlétisme car nous avions essayé de positionner cet atelier à une date pas trop concurrentielle en compétitions du week-end.
Ensuite Bas présente aussi l’avantage d’avoir une triple casquette compatible avec un public relativement large car il est à la fois athlète de haut niveau (champion des Pays bas du 3000 indoor en 2017), c’est aussi un entraîneur et il est doctorant et chercheur en sports et physiologie avec beaucoup de publications déjà à son actif
C’est un profil intéressant pour des ateliers de ce type ?
Tout à fait, car même s’il a des références scientifiques plutôt pointues, Bas sait dispenser un discours pragmatique et pas trop perché scientifiquement.
Il a par ailleurs le souhait de beaucoup démontrer par l’exemple et la mise en situation pratique et cela aura été le cas toute cette journée du 6 octobre.
En revanche il ne parle pas français . Comment avez vous géré cette spécificité pour la bonne tenue de cet atelier ?
C’est effectivement un point qui demande un peu d’attention à l’organisation. Nous l’avons déjà testé à l’AEIFA dans un autre colloque et nous recourons à une traductrice anglais -français qui a ainsi repris ici toutes les explications de Bas sur son atelier. Comme nous sommes néanmoins dans un jargon et des notions spécifiques, notre traductrice travaille aussi en amont ce vocabulaire et un 3e acteur (moi ici) reste toujours en veille pour apporter les complément où la précision au propos quand il peut être moins bien appréhendé par l’assistance.
D’un point de vue plus technique, qu’avez vous retenu de l’intervention de Bas ?
Son approche et sa réflexion sont très appréciables. Bas est un chercheur et en ce sens on sent que son propos est orienté vers la recherche de solutions et nouveautés . Il a par exemple une approche très pointue et personnelle concernant le renforcement des ischio-jambiers pour la course à pied. Les participants à l’atelier l’auront sans doute aussi remarqué.
A ce sujet comptez vous partager le contenu de cet atelier en direction d’un public plus large ?
Oui nous avons d’une part partagé le contenu pdf (en anglais) de cet atelier avec tous les inscrits au colloque mais nous avons également prévu de réaliser un compte rendu de cette journée que nous mettrons en ligne sur le site de l’aeifa (https://www.aeifa.com/) . C’est un peu de travail à fournir encore .
Très bien , et en cette période de colloque avez vous d’autres objectifs de colloque ou atelier à l’AEIFA pour 2019 ?
Pas à l’AEIFA en exclusivité mais nous allons participer au colloque « le cross country » qui se tiendra le 17 novembre à l’INSEP le week end du « cross International du val de marne ».
Les inscriptions sont ouvertes auprès de la LIFA Inscription colloque Le Cross 17/11/2018 , et des entraineurs et athlètes de haut niveau sont déjà prévus pour animer ce colloque (Morhad Amdouni, Clemence Calvin , Yanna Oubouhou côté athlètes )
Le renforcement musculaire du coureur par BAS VAN HOOREN
Programme du Samedi 6 octobre 2018
1) Pourquoi faire de la musculation
2) Théorie des systèmes dynamiques (Attracteurs et fluctuations)
4) Spécificité et surcharge
5) Musculation pour améliorer la performance et réduire le risque de blessure
6) Exemples d’exercices
7) Les ischios jambiers (aspects théoriques)
- Published in Articles généraux, Outils pour l'entraineur
Observation et émotions : du contexte compétitif au quotidien de l’entrainement par Fred Beuzard
Entraineur depuis 8 ans, j’ai toujours porté une attention particulière à l’observation des athlètes que j’entraine. Que ce soit dans la globalité d’un mouvement athlétique (sprinter, sauter en longueur…), dans la complexité de la réalisation d’un mouvement spécifique ou d’un mouvement d’haltérophilie ou simplement en les regardant marcher. Ce goût de l’observation me vient de mon parcours singulier, qui durant une dizaine d’année m’a immergé dans le milieu chorégraphique auprès de chorégraphes et de danseurs. Ce monde fait de corps, d’émotions et de réflexions profondes a fortement influencé mon regard ma manière d’observer mon sport. Entrainer c’est en partie observer. Observer c’est prendre le temps de regarder la réalisation d’une action, de la ressentir par rapport au travail mené et aux convictions que nous avons. La réalisation suscite de l’émotion, cette émotion que l’on retrouve dans l’art. Nous pouvons aisément faire le pont avec l’athlétisme, et pour parler de ce que je connais nous parlerons de saut en longueur, et de danse.
Assis dans mon fauteuil de spectateur nombre de fois je me suis laissé émouvoir lors de représentation chorégraphique, des écritures ont touché le plus profond de mon être et ont fait vibrer des choses profondes en moi. J’ai ressenti ces mêmes émotions lors de concours auxquels mes athlètes prenaient part. La question que je me pose à travers cet écrit, est de (…)
- L’Influence de l’observation sur les émotions
Ici on parlera surtout du cas de l’entrainement. Je pars du principe que l’observation renvoie à des éléments rationnels. Rien n’est fait au hasard, même si nous sommes bien d’accord que nous devons en permanence adapter le contenu à chacun, et que l’individualisation au sein d’un groupe est un élément indiscutable.
Pour en savoir plus: L’observation et émotion_ du contexte compétitif au quotidien de l’entrainement 2
P.P.G et Demi-fond : l’œil du kiné
P.P.G et Demi-fond : l’œil du kiné Auteurs : Quentric-Foulard Isabelle, Bregeon François, Gilbert Eric, Olivares Serge, Pinon François, Trudelle Pierre
Définition de la P.P.G selon les entraîneurs.
Pour Platonov repris par Pradet, c’est « le développement et l’harmonisation des qualités physiques » , on travaillera les points faibles, pas forcément les qualités directement impliquées dans l’activité. Pour Gacon on parlera aussi de renforcement musculaire général Pour José Marajo « elle permet de développer : *la condition physique générale *la coordination et la technique *la souplesse et le relâchement *la force *le renforcement spécifique (tendineux et musculaire)
Son but est :
*d’améliorer le potentiel physique *soulager les articulations *augmenter le relâchement » Pour les entraîneurs donc elle est, un moyen de développer l’aptitude à supporter une grosse charge de travail , un moyen de corriger des carences (force, souplesse, coordination). Elle doit permettre de progresser dans la spécialité choisie. Pour nous Kinésithérapeutes , elle nous intéressera pour ses aspects prévention et correction des carences. Nous nous intéresserons particulièrement aux déficits :
- d’extensibilité,
- de force,
- de l’ajustement proprioceptif.
Intérêts et limites de la P.P.G
Intérêts :
Aspects préventifs : Elle aura un rôle important dans la prévention des blessures, en agissant sur des facteurs de risques tels que le manque d’extensibilité (prédisposant aux lésions musculaires), les défauts de coordination gestuelle (lésions musculaires et articulaires), la fatigabilité qui est une des causes principales de blessures.
Il faudra préférer adapter la séance à l’athlète, plutôt que de laisser celui-ci s’adapter aux séances. Comme d’autres formes d’entraînement, il faut un minimum d’individualisation. Pour cela il sera nécessaire de réaliser un bilan, qui permettra de définir les exercices et la charge de travail Risques : comme toute activité physique, elle peut aussi être source de blessures, et comporte
un certain nombre de risques potentiels. liés à l’athlète ( cf bilan) liés au terrain (sol dur, froid…) et au matériel liés à la fatigue (nécessité d’être un homme de terrain, d’avoir l’œil, de veiller à la
qualité de l’exécution, de mesurer la charge de travail, de respecter une progressivité…) L’utilisation des quelques tests présentés associée à un solide sens pratique doit éviter bien des accidents.
Le bilan :
Pour que nos mesures soient utilisables, il suffit d’utiliser quelques tests simples, fiables, valides et fidèles. Sans vouloir faire un bilan kinésithérapique, l’utilisation de quelques instruments comme le chronomètre, le mètre ruban, ou le goniomètre permettra d’obtenir des données exploitables Généralités : l’âge, les antécédents médicaux, le niveau de pratique et l’investissement personnel, la charge d’entraînement, l’activité professionnelle et scolaire.
Morphologique : on notera les déformations rachidiennes, les déformations des membres inférieurs.(hanche, genou, pieds)
Articulaire : à la recherche de limitations, ou d’hyperlaxité ( test de Beighton cf annexe I)
Musculaire : 1°):l’extensibilité
Pour mesurer :
- l’extensibilité des ischios-jambiers par exemple on utilisera le test de Wallace (cf annexe II) qui est bien standardisé (rappel patho : les lésions musculaires des ischios)
- l’extensibilité des adducteurs , on utilisera le goniomètre ou le mètre ruban, (rappel patho : les pubalgies)
- l’extensibilité du T.F.L, utilisation du test d’Ober (cf annexe II),(rappel pathosyndrome de l’essuie-glace)
- l’extensibilité de la cheville , utilisation du test de dorsi-flexion fonctionnelle(cf annexe II), (rappel patho : les tendinites d’Achille)
2°) la force
abdominaux, test de Shirado (cf annexe II)
1 minute sit up test les spinaux test de Biering-Sorensen (cf annexe II), (rappel patho :les rachialgies)la proprioception : Pour la cheville, on pourra observer la faculté de marcher sur une poutre basse, on pourra chronométrer le maintien d’un équilibre unipodal yeux fermés, membre inférieur tendu ou à 45°(rappel les entorses de cheville). Pour les auteurs américains, la pliométrie ne peut être débutée sans risque que lorsque l’athlète est capable de tenir un équilibre unipodal à 45° de flexion de hanche, les yeux fermés.A partir de ce bilan et de notre connaissance des contraintes de l’activité, nous montrerons quelques exemples d’exercices (étirements, renforcement, proprioception…). Rappelons letravail de Bruno Gajer, pour qui les muscles essentiels sont les extenseurs de hanche en contractions explosives. Nous n’oublierons pas non plus les muscles du tronc.Nous utiliserons :*des exercices d’étirement, en tension active pour le sujet hyperlaxe (rôle dans l’échauffement), contracté-relaché ou posture chez le sujet raide*des exercices de renforcement en variant les modes de contraction (isotonique,concentrique, excentrique, pliométrique) et les courses articulaires (interne, moyenne,externe),des abdominaux, spinaux, de la chaîne d’ extension.*des exercices de proprioception : marche sur poutre, équilibres les yeux ouverts ou fermés,en bougeant la tête …
Conclusion :
Comme toute autre forme d’entraînement la P.P.G doit être adaptée à l’athlète, elle est indispensable au développement harmonieux des qualités physiques, elle peut être l’occasion d’une rencontre fructueuse entre kinésithérapeutes et entraîneurs. Un travail commun dans lequel le kiné apporterait ses connaissances des pathologies et de leur prévention, et l’entraîneur sa connaissance de l’activité et son répertoire d’exercices.
Pour adhérer à notre association ou avoir des renseignements, une seule adresse : AEIFA, 16 rue Vincent Compoint 75018 PARIS Courriel : aeifa@aeifa.com Internet : www.aeifa.com
- Published in Articles par disciplines, Articles publiés, Outils pour l'entraineur, Piste
Les outils de l’entraîneur; Le squat d’après Christian Miller
Description du mouvement
(des repères pour la pédagogie)
– 1 : mise en place du matériel
– 2 : la prise de barre
– 3 : le recul sur la zone de réalisation
– 4 : la flexion-extension
– 5 : le retour de la charge
– 6 : la dépose de la barre
Pour en savoir plus, clic: Microsoft Word – Le squat
- Published in Articles généraux, Outils pour l'entraineur
La sophrologie dans l’entraînement par Olivier BONY
La sophrologie doit être vue comme un véritable outil de changement et de développement personnel. Le mot sophrologie est issu du grec Sos (harmonie), Phren (esprit, conscience) et Logos (étude, science). Ainsi, peut-on la définir comme la science de l’harmonie de la conscience. Inventé par le neuropsychiatre Alfonso Caycedo au début des années 60 en alternative à des procédés thérapeutiques qu’il juge inhumain, comme l’électrochoc, il va au fil du temps enrichir cette nouvelle pratique de procédés venant de divers horizons : hypnose, phénoménologie, yoga, méditation et Zen. Adaptée à la vision du monde occidental, sa méthode synthétise ces différentes approches selon des degrés de développement dont le but essentiel est l’épanouissement de l’être et la transformation positive de son existence.
« Ce n’est pas ce qu’on vit qui est important, c’est comment on le ressent. Deux personnes dans la même situation ne réagissent pas de la même façon. »
Pour en savoir plus, clic: Microsoft Word – la sophrologie dans l entrainement
- Published in Articles généraux, Outils pour l'entraineur
Les athlètes dans leur tête par Nadine DEBOIS
L’année passée, l’INSEP a accueilli la Compagnie du chemin ordinaire pour une représentation à deux voix de la pièce de Paul Fournel, Les Athlètes dans leur tête1 ,un texte qui fut récompensé en 1988 par le Grand Prix de la littérature sportive, puis en 1989, par le Prix Goncourt de la Nouvelle. L’occasion, pour Nadine Debois, chercheuse au Laboratoire de psychologie et d’ergonomie du sport, à l’INSEP, de faire résonner ce texte avec les recherches actuelles et les pratiques des entraîneurs aujourd’hui.
http://www.boutique.insep.fr/ShowProduct.aspx?ID=211
Document tiré de cette revue Réflexions Sport (dans le volume 2, Octobre 2011)
Pour en savoir plus, clic: Les athlètes dans leur tête
- Published in Articles généraux, Outils pour l'entraineur
- 1
- 2