
Introduction :
Il est actuellement bien admis que l’exercice physique régulier (dans notre cas ici, le running) offre une protection contre les maladies liées à l’athérosclérose, l’hypertension artérielle, le diabète sucré de type 2, et même les cancers coliques.
L’exercice physique intensif, peut, quant à lui, être à l’origine de nombreuses complications digestives, surtout lorsqu’il est pratiqué par temps chaud sans entrainement adéquat et/ou sans hydratation suffisante.
Mécanismes des complications digestives liées à la pratique sportive intensive :
La pratique sportive intensive, lorsqu’elle est mal encadrée, peut entrainer des complications digestives ischémiques (c’est-à-dire par manque d’oxygène), mécaniques et neuroendocriniennes (hormonales).
Les complications ischémiques
Durant un effort physique intense, le sang est orienté de façon prioritaire vers les muscles, les poumons, le cœur et le cerveau, et la quantité de sang destinée aux organes du tube digestif est diminuée de 80% lorsque l’individu est à 70% de sa VO₂max. Ainsi, un exercice physique intense va provoquer des lésions ischémiques (par manque d’oxygène) au niveau de la muqueuse digestive, la fragiliser et entrainer la production de substances toxiques (telles que les endotoxines), ces substances toxiques vont provoquer plusieurs symptômes notamment une diarrhée parfois sanglante, bien connue des marathoniens.
Les complications mécaniques
Chez les runners, les impacts au sol génèrent des vibrations au niveau de la paroi abdominale, qui peuvent être à l’origine d’une sensation d’inconfort digestif.
Il existe des études contradictoires quant à l’effet de la course à pied sur le transit intestinal, cependant il est indéniable que les coureurs sont plus susceptibles que la population générale à avoir des épisodes de diarrhée et de troubles fonctionnels intestinaux (inconfort, ballonnement…)
Les complications neuroendocriniennes
Un exercice physique intense peut entrainer la suppression de la sensation de faim, c’est « l’anorexie induite par l’effort », son mécanisme n’est pas tout à fait clair.
Symptômes gastro-intestinaux et affections causés par l’effort intense
La diarrhée
Chez les coureurs en bonne santé, la diarrhée peut être causée soit par la course à pied elle-même, ou bien par une intoxication alimentaire. Habituellement la diarrhée a une évolution spontanément favorable. La diarrhée aigüe induite par l’exercice chez l’athlète n’entraine pas de déshydratation, et tend à disparaitre avec l’amélioration du niveau du coureur.
Le saignement digestif
Particulièrement fréquent chez les ultra-marathoniens (100 kms) et les triathlètes, 85% de ces athlètes ont un saignement occulte (qui ne se voit pas à l’œil nu) et qui n’est décelé que lorsque la selle est étudiée en laboratoire. Le saignement se voit plus souvent chez les coureurs jeunes, notamment après les compétitions. Heureusement, ce saignement reste occulte et transitoire.
Parfois le saignement peut persister, même de façon occulte, et être responsable d’une anémie, d’une fatigue, et d’une baisse des performances. Il est actuellement recommandé de réaliser des endoscopies digestives en première intention avant tout traitement d’un symptôme digestif ou d’une anémie chez un athlète.
En conclusion
- L’exercice physique léger à modéré a un effet protecteur vis-à-vis des troubles moteurs digestifs.
- L’exercice physique pratiqué à haute intensité peut entrainer des symptômes digestifs pouvant être sévères voire graves, notamment en cas de déshydratation et de manque d’entrainement.
- Le maitre mot : LA PRÉVENTION
- Courir 5 à 10 battements/mn en moins par rapport à la fréquence cardiaque à laquelle apparaissent les symptômes habituellement (intérêt d’un cardiofréquencemètre+++)
- Consommer de petites quantités d’aliments et de liquides (eau+++) immédiatement avant et pendant l’effort.
- En cas d’ischémie avérée : réduire l’intensité de l’effort pendant plusieurs mois, la reprise devant être très progressive.
- Éviter l’utilisation des anti-inflammatoires non stéroïdiens (type aspirine et Voltarène©), car ils aggravent les lésions induites l’ischémie intestinale.
Prenez soin de vous and keep running !!
Sid Ahmed Allal
Avec la collaboration de : http://run-dz.com/
Référénces
1- The impact of physical exercise on the gastrointestinal tract, Erick Prado de Oliveira and Roberto Carlos Burini, Current Opinion in Clinical Nutrition andMetabolic Care 2009, 12:533–538
2- Abdominal symptoms during physicalexercise and the role of gastrointestinalischaemia: a study in 12 symptomaticathletes. Rinze WF terSteege, Robert H Geelkerken, Ad B Huisman, et al. Br J Sports Med 2012;46:931–935. doi:10.1136/bjsports-2011-090277
3- Diagnosis and management of splanchnic ischemia. Ioannis E Koutroubakis, MD, PhD, Assistant Professor of Medicine. World J GastroenterolDecember 28, 2008 Volume 14 Number 48
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