Manuel de l’animateur en athlétisme par Alain Smail
Dossier réalisé par Alain Smail, ancien directeur technique du Centre International d’Athlétisme de Dakar de même que directeur technique (2006-08) au service de la Conféjes et de l’athlétisme africain.
Ce recueil a pour objectif essentiel de permettre aux animateurs des écoles d’athlétisme de cerner au mieux les principes d’entraînement du jeune athlète en devenir (benjamins et minimes).
Il est la suite logique du travail effectué dans les écoles primaires avec les enfants de 8 à 12 ans à travers le programme du Kids’ Athletics de l’IAAF.
SOMMAIRE
ORIENTATIONS DE L’ENTRAINEMENT DU JEUNE
- Benjamins (12-13 ans)
- Minimes (14-15 ans)
- Cadets (16-17 ans)
- Démarches pour l’apprentissage d’une spécialité
- La séance d’athlétisme
- L’exercice
- La mise en train
- Les fondamentaux
- Les fondamentaux en course
- Les fondamentaux en saut
- Les fondamentaux en lancer
- La préparation physique générale (PPG)
- Les principes d’organisation
- Les courses de vitesse
- Les courses de relais
- Les courses d’obstacles
- Les courses de demi-fond
- Le saut en longueur
- Le triple saut
- Le saut en hauteur
- Le lancer de balle
Séance n°4
Séance n°5
Séance n°6
Test n°1 : Course de vitesse sur 30m
Test n°2 : 10 foulées bondissantes avec 3m d’élan
Test n°3 : Saut en longueur sans élan
Test n°4 : Saut de face jambe libre
Test n°6 : Nombre d’abdominaux en 30 secondes
Test n°7 : Nombre maximum de tractions
Test n°8 : Lancers de balle lestées de 200 grammes
Test n°9 : Course de 1 500m
Test n°10 : 10 foulées bondissantes sans élan
Pour en savoir plus, téléchargez le document: Manuel entrainement Alain Smail- AEIFA
Pour adhérer à notre association ou avoir des renseignements, une seule adresse :
AEIFA, 16 rue Vincent Compoint 75018 PARIS
Courriel : aeifa@aeifa.com Internet : www.aeifa.com
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Nutrition du sport – Le jeune sportif par Amélie Fosse
Nutrition du sport – Le jeune sportif par Amélie Fosse – diététicienne/nutritionniste du sport
Introduction
- Changements : développement physique – maturation – personnalité
- Adolescent : indépendance accrue dans le choix de l’alimentation et la préparation de la nourriture
- Les premières performances
Plan
Rôle de l’entraîneur
– Éducation du comportement alimentaire
– Faim
– Satiété/rassasiement
Junk food et solution
– Les besoins
– Énergie
– Micronutriments
– Hydratation
Stratégie éducation nutritionnelle
Pour en savoir plus: intervention nutrition du jeune sportif SO
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SDPO partenaire de l’AEIFA
Depuis plus de 20 ans, vous suivez avec fidélité et passion les aventures de SDPO à travers le monde. Si la Route de la Soie fut l’axe géographique privilégié des voyages sportifs, SDPO a su au fil du temps nous en éloigner pour vous faire découvrir d’autres régions caractérisées par leur histoire et leur charme.
Voir Les Foulées de la Soie: www.sdpo.com
Jean Claude Le Cornec, Fondateur de SDPOrganisation et membre du bureau Directeur de l’AEIFA (Association des Entraineurs d’Ile de France d’Athlétisme) est aussi l’organisateur des Foulées de la Soie qui se déroulera en mai 2018 en Birmanie et de l’Ultra Trail d’Angkor au Cambodge en janvier 2018.
Le décor ? Un trésor : les temples millénaires de Siem Reap, au Cambodge. Le site Angkor, classé au patrimoine mondial de l’Unesco, sera une nouvelle fois la chasse gardée des trailers.
SDPO propose cinq distances pour tous niveaux : Ultra Trail Angkor de 128 km, Bayon Trail de 64 km, Marathon Trail Anglor de 42 km, Jungle Trail de 32 km, Temple Run de 16 km et Nordic Walk de 16 km. Quelle que soit l’option choisie, l’émerveillement sera de la partie.
Le Comité National Olympique Cambodgien parraine l’Ultra Trail d’Angkor.
Pour tout connaitre: www.ultratrail-angkor.com
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LES FORMATIONS ET DIPLÔMES PROFESSIONNELS EN ATHLETISME par Julie Huberson, cadre technique
Le sport : un secteur réglementé
Pour encadrer les activités physiques et sportives (APS) et en faire son métier, il faut être titulaire d’un diplôme ou d’une certification enregistré au répertoire national des certifications professionnelles (RNCP) qui garantit la compétence de son titulaire en matière de sécurité.
Le code du sport impose, en effet, la détention d’une qualification professionnelle pour l’encadrement sportif contre rémunération à travers l’article L-212.1 « Seuls peuvent, contre rémunération, enseigner, animer ou encadrer une activité physique ou sportive ou entraîner ses pratiquants, à titre d’occupation principale ou secondaire, de façon habituelle, saisonnière ou occasionnelle, sous réserve des dispositions du quatrième alinéa du présent article et de l’article L. 212-2 du présent code, les titulaires d’un diplôme, titre à finalité professionnelle ou certificat de qualification »
Des sanctions sont même prévues pour les contrevenants qui peuvent être tant les présidents de structure que les salariés eux-mêmes. Article L212.8 : « est puni d’un an d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amende le fait pour toute personne :
1° D’exercer contre rémunération l’une des fonctions de professeur, moniteur, éducateur, entraîneur ou animateur d’une activité physique ou sportive ou de faire usage de ces titres ou de tout autre titre similaire sans posséder la qualification requise au I de l’article L. 212-1 ou d’exercer son activité en violation de l’article L. 212-7 sans avoir satisfait aux tests auxquels l’autorité administrative l’a soumise ;
Pour en savoir plus:Les formations et diplômes professionnels en Athlétisme
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LA LIGNE BLEUE par Dom Cado – Éditions Amphora
Nombreux sont les guides qui proposent d’accompagner l’athlète dans la dimension technique de la pratique du running ; bien plus rares sont ceux qui l’invitent véritablement à partager une expérience. la-ligne-bleue. C’est le pari audacieux – et réussi – de Dominique Cado qui livre son vécu avec humour et bienveillance. Évaluation, préparation, gestion des courses, l’auteur aborde les thèmes privilégiés de l’entrainement à la course à pied sans jamais se départir de l’humour qui caractérise son style. Chaque chapitre de La ligne bleue de A à Z commence par une lettre de l’alphabet et une définition cocasse.
Plus qu’un manuel, ce livre est un véritable témoignage dans lequel se reconnaitront nombre de coureurs réguliers. Il trouve son origine dans le succès du blog du même nom et prend le contrepied des méthodes désincarnées où l’excès de chiffres prend le pas sur le partage et le vécu. En nous proposant un regard intérieur au monde du running, La ligne bleue de A à Z replace le ressenti au cœur de la pratique du running. La tête, le cœur et les jambes, Dominique Cado nous montre la voie pour devenir un athlète accompli.
“Une passion se partage …… Elle ne se vend pas …..” Quand j’ai créé “La Ligne Bleue” c’est le mot “Partager” qui m’est venu à l’esprit …… Partager avec le plus grand nombre ……. des débutants aux coureurs confirmés ….. Alors si vous courez ou si vous décidez de vous y mettre www.lalignebleue.net est faites pour vous …….. Une mine de conseils, simples, à consommer sans modération, dans toutes les situations, de la version papier à la version smart phone …….
Dom. Cado
www.lalignebleue.net
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Sport No Stress – 40 fiches pratiques de Pascale et marc Polizzi
Du sport pour déstresser, moins de stress dans votre sport.
Le stress est un état d’anxiété créé par un manque d’adaptation aux pressions qui nous entourent ou après un événement douloureux. Il prend de nombreuses formes, dont certaines sont sévères, jusqu’à générer des maladies graves ou une véritable invalidation. Mais pour la plupart des personnes stressées, lil se traduit par des maux de tête, un état dépressif, une anxiété permanente, une mentalité pessimiste, un état d’ultra-nervosité qui s’avèrent handicapants. Ce mémento anti-stress répond à deux objectifs : Réduire votre stress par le sport. Dans la plupart des cas, un sport adapté suffira à effacer le stress et vous évitera le recours aux médicaments. Ce livre vous aidera à choisir votre sport si vous n’en pratiquez pas, et à le pratiquer du mieux possible pour réduire votre stress. On peut faire du sport à tout âge, mais chaque âge a ses sports de prédilection.
Objectif 2 : Réduire votre stress dans le sport que vous pratiquez déjà. Les compétitions notamment constituent des moments forts qui génèrent un stress souvent brutal. Maîtriser votre mental lors des actions décisives, ne pas baisser les bras quand il vous reste une marge de victoire : ce livre apporte les meilleures réponses. Pour faciliter la lecture et la compréhension du propos, le livre n’est pas découpé en chapitres mais en fiches pratiques d’une, deux ou quatre pages, sur un sujet précis : Dépasser la fatigue mentale, Gérer l’enjeu du titre, Quel sport choisir, etc.
Pour commander, retrouvez toutes les infos en tapant le titre sur Internet
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A QUOI SERVENT LES GRAISSES ? par Denis Riché
Même les sportifs les plus maigres d’entre nous possèdent suffisamment de graisses de réserve pour enchaîner plusieurs lectures successives de votre revue favorite sans manger. Grâce à un pannicule adipeux, localisé essentiellement sur le ventre, que d’aucuns considèrent comme une masse inerte plus ou moins inutile. C’est loin d’être le cas.
UN RÉSERVOIR SANS FOND…
Si nous procédions un rapide sondage auprès d’un échantillon représentatif de sportifs, à la question « A quoi sert le tissu adipeux ? », certaines réponses fournies seraient très prévisibles. Il serait d’abord question d’un isolant mécanique, protégeant les organes vitaux. C’est une évidence dans le monde du rugby : « Je pense qu’il faut un peu de graisse pour protéger les muscles, notait avec justesse Jean Paul Garuet à ce sujet (*). J’ai croisé des piliers un peu sculptés avec une taille de guêpe, poursuivait-il. Pas bon signe, je savais qu’ils allaient faire pschitt ! » Au journaliste qui lui demandait s’il revendiquait la graisse, l’ancien joueur de la première ligne de l’équipe de France lâchait spontanément : « Cà oui ! On est des piliers quand même ! Il faut une couche pour protéger les tendons. Les contacts en première ligne, c’est pas fait pour les mannequins. »
On évoquerait aussi sans doute le réservoir d’énergie, masse inerte, souvent perçue défavorablement car, en alourdissant inutilement le joueur, il affecte sa vitesse de course. Comme le note l’actuel international Olivier Milloud : « on doit garder de la puissance, mais améliorer la vitesse et l’endurance, alors forcément on tape dans le gras. » Le compromis entre légèreté et robustesse est souvent compliqué à trouver :
« L’apparence physique, c’est important au coup d’œil, poursuit Milloud, après, il faut voir si le mec résiste au coup de tronche. L’équation mec bedonnant égale mec pas bon ne se vérifie pas. »
De fait, le rugbyman moderne, comme n’importe quel autre sportif de haut niveau en ce début de siècle, est écartelé entre la volonté de posséder un isolant qui le protège et de limiter un poids mort qui le freine. Mais à aucun moment, dans le milieu des profanes, le tissu adipeux n’est vu sous un autre angle.
(*) : « L’Equipe Magazine », 21 juillet 2007.
AVOIR LA BOULE OU AVOIR LES GLANDES ?
Savez-vous quel est l’organe qui, au sein de notre corps produit le plus d’hormones ? Ce ne sont pas les surrénales, ce ne sont pas les ovaires ou les testicules. Il s’agit du tissu adipeux (6). Bien que récente, cette découverte revêt en fait un caractère très spectaculaire, notamment par la diversité et la complexité des molécules qui y sont fabriquées et y circulent. L’origine-même de ces adipocytes et des cellules voisines qui forment ce pannicule est extrêmement troublante.
Comme le rappelle un récent article, l’essentiel du tissu adipeux est composé d’adipocytes, environ les deux tiers du total des cellules présentes, mais on y trouve bien d’autres lignées cellulaires, capables d’exercer une multitude de fonctions et de fabriquer une diversité de molécules pour le moins impressionnantes.
Mais revenons à nos adipocytes. Eux-mêmes possèdent l’aptitude à produire et à libérer diverses molécules qualifiées par les scientifiques de « bioactives ». Leur nature leur fait ressembler fortement à des hormones. Leur origine adipocytaire amène à parler, à leur sujet d’adipokines, un terme qui deviendra de plus en plus courant dans les années à venir. Certaines de ces molécules exercent des actions à distance du tissu adipeux. On pense ainsi à la plus connue d’entre elles, la leptine (découverte en 1994), et dont les effets sur le système nerveux ont été intégralement identifiés ces dernières années (1). D’autres gardent une action plus restreinte, localisée au seul tissu adipeux. Une telle profusion de sécrétions souligne la richesse de communications entre l’adipocyte et les autres organes. Ces échanges contribuent au contrôle du remodelage et du développement du tissu adipeux, de la prolifération et de la différenciation des futurs adipocytes (ce qu’on nomme les précurseurs adipocytaires), ainsi que l’angiogénèse.
Le classement des adipokines et des autres productions du tissu adipeux selon leurs rôles fonctionnels permet de distinguer des grandes familles de molécules affectant divers processus. Une première série peut agir sur le métabolisme des sucres et des graisses. On trouve parmi celles-ci des molécules dont les noms devraient nous devenir très familiers : leptine, adiponectine, résistine, visfatine. Il s’agit aussi, curieusement, des « interleukines » 6 et 10. Ces dernières sont des messagers du système immunitaire et de l’inflammation, et leur présence dans cette liste peut surprendre. Mais en fait, elles peuvent influencer l’orientation du métabolisme et la facilité à mobiliser ou stocker les graisses.
Le tissu adipeux a l’aptitude à fabriquer ces messagers du système immunitaire et, inversement, à réagir à des cytokines périphériques, ce qui peut conduire, par exemple, à des situations de résistance à l’amaigrissement en cas d’inflammation (3).
Il est par exemple admis que l’accroissement du tissu adipeux de l’obèse conduit à un déséquilibre dans la production et la sécrétion de molécules anti et pro-inflammoires, en faveur de ces derniers (11) (*).
Une seconde série règle l’appétit et la régulation de la balance énergétique. Ces molécules donnent en quelque sorte du poids à l’hypothèse du « lipostat ». Rappelons que ce concept suggère que la prise alimentaire pourrait être modulée par le statut du tissu adipeux. Cette modulation reposerait sur des phénomènes allant au-delà du simple aspect énergétique que représente le niveau de remplissage des adipocytes. Quelles sont ces molécules issues du tissu adipeux, capables de modifier notre prise alimentaire ? La plus connue est la leptine, déjà citée ci-dessus. C’est une hormone anorexigène, dont la libération dans l’organisme a pour effet d’interrompre la prise alimentaire. Son intervention limite donc le risque de surpoids, ce que suggère d’ailleurs son nom (qui vient du grec « leptos », qui signifie « maigre »).
Une troisième série jour un rôle tout à fait insoupçonné par une large part du public : Elles participent à l’immunité. Une kyrielle d’acteurs impliqué dans nos défenses se trouvent ainsi dans ce tissu, bien plus que dans la plupart des autres : IL-6, IL-10, TNF-α (Tumor Necrosis Factor), ces notions pouvant permettre de mieux comprendre pourquoi le surpoids majore les problèmes d’arthrose (y compris au niveau des mains), de cancer ou de maladies cardio-vasculaires. Dans ces situations, ce n’est pas tant la surcharge de kilos que les acteurs de l’inflammation qui sont à accuser.
Une quatrième série vient moduler la sensibilité à l’insuline. Cette particularité explique pourquoi le tissu adipeux constitue un acteur déterminant dans l’instauration du « syndrome métabolique », entité clinique complexe déjà évoquée dans ces colonnes (voir « Sport & Vie » n° ) (8, 16). Enfin une dernière série de molécules activent l’angiogénèse (la formation des vaisseaux), et la pression artérielle. Bref, on le comprend, le tissu adipeux constitue une glande qui vient mettre son grain de sel dans un nombre incroyablement important de processus et possède de ce fait un pouvoir de nuisance extrêmement élevé. Est-ce irréversible ?
(*) : Certains travaux récents soulignent qu’en situation inflammatoire aigüe, des ajustements métaboliques se produisent. Certains d’entre eux s’accompagnent d’une surconsommation du tryptophane, ce qui va abaisser la synthèse de la sérotonine (4). Or, cette molécule joue un rôle essentiel dans le contrôle du comportement alimentaire. Aussi, au stade inflammatoire de l’obésité, des prises d’aliments sucrés, à caractère addictif, se produisent et accentuent le surpoids, ce qui provoque un véritable cercle vicieux.
On a donc vu que le tissu adipeux, selon qu’il va plus ou moins se développer, peut déclencher une série de catastrophes à distance. Face à ce constat, et devant ces mécanismes qu’on a longtemps suspectés avant d’en démontrer la réalité, une évidence est apparue aux yeux des scientifiques. Il faut éviter la prolifération du tissu adipeux. Deux mécanismes peuvent conduire à l’apparition d’une surcharge grasse. La première se nomme l’hyperplasie. C’est l’existence d’un nombre anormalement élevé d’adipocytes. La seconde est l’hypertrophie : c’est son remplissage par les graisses alimentaires ou fabriquées à partir des sucres.
A remplissage équivalent de ses adipocytes, un individu qui possède moins de cellules grasses que la moyenne sera exposé à un moindre risque de surpoids. L’inverse est également vrai : celui qui disposerait d’un nombre d’adipocytes supérieur à la norme courrait un risque accru d’obésité. Et dans ce cas, il n’y a plus de limite théorique au remplissage des adipocytes. Le record actuel est actuellement le triste apanage d’un mexicain qui pèse aujourd’hui près d’une demi-tonne (voir l’encadré 1).
Le consensus existant jusqu’au début de ce siècle était de considérer que, hormis quelques âges clefs, le nombre de cellules adipeuses ne bougeait plus. Autrement dit, celui qui sortait indemnes de ces épisodes à risque de développement adipocytaire, pouvait ensuite s’autoriser davantage d’écarts sans encourir le moindre risque de sanction. Nous avons-nous même évoqué cette idée dans ces colonnes. Or, elle est hélas fausse. Les études se sont multipliées ces dernières années afin de mieux comprendre la part de l’innée, celle de l’acquis et le rôle du « timing » dans cette histoire. Nos idées reçues ont été mises à bas.
UN CHILI CON CARNE TROP GRAS !
Un Mexicain de 500 kg a demandé une aide médicale pour ne pas succomber à son «obésité morbide», maladie dont il souffre depuis 20 ans, a révélé mardi la chaîne de télévision mexicaine Televisa. Manuel Uribe, 40 ans, n’est pas capable de se déplacer et vit reclus dans sa maison, où sa mère veille sur lui.
«Je ne me laisse pas mourir, j’ai envie de vivre. Mais pour cela, j’ai besoin d’aide, c’est pour cela que je m’adresse à la communauté scientifique», a-t-il déclaré à Televisa.
Jusqu’à l’âge de 22 ans, raconte-t-il, il vivait et travaillait aux États-Unis, il pesait alors 130 kg pour 1 m 94, «puis j’ai grossi sans m’arrêter, je suis devenu obèse très rapidement (…) Je crois que c’est un problème de glandes».
Il affirme être au régime mais continuer de grossir.
Les médecins lui ont proposé de l’opérer pour lui enlever une partie de la graisse, notamment aux jambes. «Je ne peux même plus me peser. Avant, quand je pouvais marcher, on me conduisait à la balance publique, la dernière fois je pesais 380 kg, aujourd’hui je dois peser 500 kg», dit-il.
CA COMMENCE AVANT MOI…
Le tissu adipeux apparaît au cours de la grossesse. Il entame son développement dès le second trimestre de vie intra-utérine, mais se forme pour l’essentiel au cours du 3e trimestre et après la naissance (7). Le développement de ce tissu se produit à partir de cellules précurseurs (les « préadipocytes »), mais reste possible tout au long de la vie adulte. En effet, des préadipocytes près à se différencier ont été retrouvés chez des octogénaires des deux sexes (2). Le développement du tissu adipeux de l’adulte, survenant à la fois par hypertrophie et hyperplasie est aujourd’hui bien documenté. Personne n’est donc potentiellement à l’abri, même si des vulnérabilités individuelles semblent exister. Il s’agit d’un phénomène irréversible ; le nombre d’adipocytes ne diminue jamais. Une partie du problème reste irrémédiable. L’équipe du Canadien Angelo Le Blanc s’est intéressée au devenir d’ex-obèses venus à la course à pied (12). On a effectivement constaté chez d’anciens gros rendus plus svelte par la réalisation de 80 km de jogging par semaine, un taux d’adiposité moyen supérieur à celle de coureur ayant toujours été maigres. Pourtant, ces ex-obèses possèdent des adipocytes moins replis. On pense donc que leur obésité a en partie été consécutive à cette surabondance de cellules adipeuses. Quelle est la part de l’inné, celle de l’acquis ? Quels facteurs alimentaires sont en jeu ? Comment interviennent-ils ? Comment envisager une prévention efficace compte tenu de l’épidémie d’obésité qui menace ?
On a longtemps cru que le fait de trop manger, ou de trop manger gras favorisait le déclenchement de cette prolifération adipocytaire. En fait, les choses sont plus compliquées. La faute en incomberait principalement au changement de nourriture des animaux de basse-cour ! Celui qui affirme cela est très sérieux. Il s’agit du Pr Pierre Weil, de l’Université de Rennes, qui a rassemblé les conclusions de ces travaux et exposé des données extrêmement inquiétantes dans un ouvrage particulièrement passionnant (« Tous gros demain ? » ). De nombreux travaux menés depuis le milieu des années 90 ont établi un fait d’importance colossale. Il concerne les acides gras poly insaturés ». Rappelons qu’il s’agit de deux familles de graisses d’une importance essentielle à notre survie, puisque à partir d’elles on élabore diverses molécules dont on sait qu’elles modulent l’inflammation, l’immunité, les tendances pro-allergiques, la circulation. Les dérivés des « oméga 6 » sont plutôt pro-inflammatoires et pro- aggrégantes.
Ceux des « oméga 3 » possèdent des effets opposés. Ces acides gras peuvent aussi agir directement sur le développement des adipocytes. En inhibant cette prolifération, dans le cas des « oméga 3 ». En l’activant, au contraire, dans le cas des « oméga 6 ». Le Pr Gérard Ailhaud, du fond de son laboratoire niçois, accuse nommément l’excès d’oméga 6 de provoquer l’obésité. Il n’hésite ainsi pas à affirmer : . Si l’indice d’adiposité (le rapport poids/taille) des enfants de moins d’un an augmente aussi vite, à un âge où le lait est l’aliment unique, on ne peut pas incriminer Mc Do, le grignotage, la télé et le déficit d’activité physique » (13). Le rapport optimal entre les deux familles d’acides gras polyinsaturés est de l’ordre de 3 à 5 « oméga 6 » pour un « oméga 3. Il y a quarante ans, il y avait effectivement dans les laits maternels 5 « oméga 6 » pour un « oméga 3 » (2). Aujourd’hui, les laits maternels contiennent 20, voire 25 oméga 6 pour un seul oméga 3.
L’indice d’adiposité suit exactement la même courbe que le rapport oméga6/oméga3 dans le lait. Comment l’expliquer ? Cela résulte en partie du changement de l’alimentation des animaux, elle-même consécutive aux changements brutaux survenus d ans notre agriculture, avec une offre qui ne suivait plus la demande. Que s’est-il exactement passé ? L’histoire nous est contée par le Pr Pierre Weil dans son livre « Tous gros demain ? ».
Dans les années 70, de plus en plus de Français ont mangé de plus en plus de fromage. Il a fallu davantage de lait l’hiver, de manière à répondre à cette demande accrue.
Or, jusque à ces années-là, l’essentiel de la production de lait s’effectuait au printemps. En cette saison, les vaches trouvaient des les prés l’herbe grasse (riche en « oméga 3 »), qui leur permettait de synthétiser un lait de qualité. Le vêlage se faisant au printemps, les vaches produisaient beaucoup moins de lait ensuite.
Pour contourner ce problème, l’industrie laitière a pu compter sur la « révolution fourragère « , survenue en même temps qu’une plante a connu un important essor sur notre sol : le maïs. Comme l’explique Pierre Weil, dans les années d’après-guerre, la France vise à assurer son autosuffisance alimentaire. La culture du maïs remonte progressivement vers le nord et conquiert les régions d’élevage.
A la même période apparaît l’ensilage, qui permet de conserver des fourrages. La plante va, grâce à cet ensilage, pouvoir être distribuée toute l’année aux vaches dont, simultanément, la période de vêlage va être décalée vers l’automne. L’essentiel de la production laitière surviendra alors l’hiver, au moment où les vaches se nourrissent de maïs et non plus d’herbe.
Mais c’est là que le bât blesse. « Il y a juste un petit problème, explique le Pr Weil. Dans l’herbe grasse, il y a beaucoup de graisses qui appartiennent à la famille « oméga 3 ». Dans le grain de maïs, il y a des graisses aussi, mais de la famille « oméga 6 ». Anciennement, l’hiver, on donnait du lin aux vaches. Or cette plante se caractérise par sa richesse en « oméga 3 ».
En une trentaine d’années, ces changements dictés par la pression économique ont eu des effets dévastateurs, dont on commence seulement à mesurer les conséquences en 2007 : On a créé une nouvelle alimentation animale, qui engraisse les animaux et prépare l’engraissage de ceux qui s’en nourrissent. Comme le note le Pr Ailhaud, les viandes les plus riches en « oméga 3 » (cheval, oie, lapin) sont celles des ruminants qui consomment davantage d’oméga 3.
De même, les poissons gras (pourvu qu’ils ne soient pas issus d’élevage et nourris au grain…) contiennent plus d’oméga 3, en particulier les acides gras dont les noms sont abrégés par « EPA » et « DHA », grâce au plancton ou aux algues qu’ils mangent.
« C’est au fond des océans et dans les champs, dans les pâtures, que poussent les oméga 6 et les oméga 3 qui sont la base de notre chaîne alimentaire. » (15).
De fait, les études menées chez l’animal, puis les observations faites chez l’homme, montrent qu’en accroissant la part des « oméga 6 » dans l’alimentation des animaux on fabrique du lait, des viandes, des œufs trop riches en « oméga 6 ». La femme enceinte fournit donc en « oméga 6 » le tissu adipeux du foetus, ce qui favoriser son développement. L’agression se poursuit avec l’allaitement, la diversification alimentaire…et se poursuit à l’échelle de plusieurs générations nourries aux « oméga 6 »… d’où l’idée de Pierre Weill, selon laquelle, demain, nous pouvons fort bien tous devenir obèses, à moins d’appliquer la parade qu’il a imaginée (voir l’encadré 2).
EST-CE DÉJÀ TROP TARD ?
La composition des huiles (voir le tableau ci-dessus) montre que sous l’effet de la pression des lobbies et de la politique de communication très volontariste de grands groupes de l’industrie agro-alimentaire, travestissant la réalité, le déséquilibre est volontairement entretenu. De fait, le profit est privilégié aux dépens de la santé des générations futures. L’huile de colza, a minima, est à réintroduire quotidiennement. Mais pas seulement (voir l’encadré 2).
Revenons aux sportifs, pour comprendre que le problème posé par cette révolution va au-delà de la gestion du poids pendant et après la carrière. En effet, la prédominance des « oméga 6 » dans nos tissus peut aussi conduire à une tendance pro-inflammatoire, pro-allergisante, pro-agrégante, très largement présente à l’échelle de la population. « J’aurais aussi pu intituler ce livre : « demain tous allergiques ? » ; s’inquiète d’ailleurs Pierre Weill. Cette tendance, qui se retrouve dans toutes les disciplines sportives, à ce que nous en savons, s’avère plutôt délétère. Les résultats de biologie relevés, par nos soins, au sein de l’élite de certaines disciplines depuis quatre ans, ne manque pas d’interpeller quant à la situation sanitaire des athlètes concernés. Les tableaux qui suivent dans l’encadré 3, laissent deviner l’ampleur de ces déficits en « oméga 3 », lesquels sont aggravés par les excès d’acides gras « oméga 6 », créant un terrain pro-inflammatoire, pro-allergisant, et propice à la prise de poids. Face à ce constat que pensent les « experts » qui se penchent sur l’assiette de nos champions ? Selon le diététicien de l’équipe du XV de France : Plutôt que la recherche de l’huile « miracle », une diversification des types d’huiles utilisées (…) est le meilleur garant d’une bonne répartition des acides gras ». (10).
LE LIN QU’IL NE FAUT PAS LAISSER FILER (13)…
Pour Pierre Weil, l’explosion endémique de l’obésité est en partie liée à la perte de « corrélation écologique » entre le sol, l’aliment et l’individu. Pour lui, la clef ne réside pas dans une majoration des apports en « oméga 3 » par les poissons gras. Nous sommes déjà les plus gros consommateurs en Europe, argumente-t-il. Et l’émergence à venir des fermes piscicoles nous prépare peut-être à beaucoup manger de … bœuf à écaille, si le thon et le bar sont gavés de maïs plutôt que de plancton ! Le chercheur breton a eu une autre idée : réintroduire le lin. Les animaux des éleveurs partenaires de son travail ont été nourris au lin. Les volontaires humains qu’il a recrutés ont mangé des œufs, du beurre, du fromage, issus de certains de ces animaux nourris au lin. Ils ont aussi bénéficié d’un pain enrichi aux graines de lin. Le groupe a été étudié sous tous les angles (poids, biologie) et comparé à un groupe « témoin » se nourrissant d’aliments classiques (14-5). A la sortie, perte de poids et amélioration des paramètres biologiques pour les volontaires nourris d’aliments qu’on peut qualifier de « traditionnels ». Pour lui, c’est vraiment une affaire de filière et de choix politique.
Ainsi, un œuf non « bio » pondu par une poule nourrie au lin aura plus d’effets favorables qu’un œuf « bio » pondu par une poule nourri au bon grain !
Le temps que cette transformation se mette en place à plus vaste échelle, le choix des huiles est évidemment crucial. De ce point de vue, il n’y a certes pas d’huile « miracle », mais celle de colza apparaît quand même comme la plus intéressante, et de loin. Et il y a l’hypothèse de la complémentation, encore inenvisageable par les institutionnels, par principe, il y a seulement 5 ans.
Leur position a évolué, à en juger au récent éditorial rédigé par la plume de Bernard Guy-Grand, l’un des plus éminents nutritionnistes français, dans la revue « Les Cahiers de Diététique et Nutrition » (5) : «On sait depuis longtemps que le DHA est l’acide gras prévalent du système nerveux central, de la rétine (…), que sa carence entraîne des troubles de la vision et des cognitions, notamment au cours de la phase de développement chez le fœtus et le jeune enfant. Supplémenter directement? La question mérite d’être posée! »
Denis RICHE
Doctorat en nutrition humaine et
Spécialiste français de la micronutrition
ARTICLES CONSULTES :
(1) : AHIMA RS (2005) : Trends Endocrinol.Metab., 16 : 307-13.
(2) : AILHAUD G (2007) : Cah.Nutr.Diét., 42 (2) : 67-72.
(3) : BOULOUMIE A, CURAT C & Coll (2005) : Curr.Opin.Clin.Nutr.Metab.Care, 8 : 347-54.
(4) : BYRNE GI, LEHMANN LK & Coll (1986) : J.Interfer.Research., 6 : 389-96.
(5) : GUY-GRAND B (200) : Cah.Nutr.Diét., 42 (3) : 117.
(6) : LAFONTAN M (2007) : Cah.Nutr.Diét., 42 (2) : 79-83.
(7) : POISSONNET C, BURDI A & Coll (1983) : Early Hum.Dev., 8 : 1-11.
(8) : POITOU C, CLEMENT K (2007) : Cah.Nutr.Diét., 42 (2) : 90-6.
(9) : RICHE D (2007) : « Micronutrition, santé et performance », De Boeck Ed. 600 p.
(10) : RUBIO D, RIVIERE D- (2007), « Kinésithérapie scientifique », n° 478, p 42.
(11) : TRAYHURN P (2005) : Endocrinology, 146 : 1003-5.
(12) : TREMBLAY A, DESPRES JP & Coll (1984) : Int.J.Obes., 8 : 641-8.
(13) : WEILL P (2007) : “Tous gros demain?”, Plon Ed.
(14) : WEILL P, SCHMITT B & Coll (2002) : Nutr.Clin.Métab., 16 (Suppl.1) : 7-28.
(15) : WEILL P, SCHMITT B & Coll (2002) : Ann.Nutr.Metab., 46 : 182-91.
(16) : ZIEGLER O, TREBA A & Coll (2007) : Cah.Nutr.Diét, 42 (2) : 85-9.
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APPROCHE TOXIQUE DE LA MUSCULATION par Aurélien Broussal Derval en partenariat avec la FFHMFAC
Les différentes activités de musculations, quelles que soient les méthodes employées ou ses objectifs poursuivis, sont des disciplines à part entière, qui reposent comme tous les autres sports sur des fondements techniques pointus. Ne pas les respecter, c’est trahir l’essence même de ces sports, et plus gravement s’exposer à des blessures très graves.
«La fonte» a le vent en poupe. Respectabilisées par l’Olympique et éminemment technique haltérophilie, modernisées par la préparation physique, (re)mises à la mode grâce au crossfit, les différentes activités «poids et haltères» sont omniprésentes dans le paysage sportif, qu’elles permettent d’atteindre des objectifs de performance, de bien-être, ou d’esthétisme. Mais il ne faut pas oublier que ces disciplines (haltérophilie, force athlétique, culturisme ou cross fit), sont avant tout des sports à part entière, dont le plus assidu des pratiquant mettra plusieurs années à acquérir la maîtrise experte.
Or, l’impatience d’un résultat visible pousse souvent les pratiquants (voire même les coaches) à en accélérer et parfois même négliger la rigueur et la précision technique. Mais ce gain -apparent- de temps au démarrage du processus, se traduit à l’échelle d’une carrière sportive par une perte colossale de temps allant parfois jusqu’à l’arrêt de toute pratique sportive.
Ce terrible constat, pousse certains pédagogues à éviter le travail avec charge additionnelle, ou certains mouvements réputés dangereux, alors que les haltérophiles et force-athlétisme sont (et de loin) les sportifs qui se blessent le moins. Entre ces spécialistes de la force très peu exposés à la blessure et les pratiquants ponctuels mis en dangers par une pratique inadaptée, se cache la technique qui ne peut être compromise sous aucun prétexte. C’est le prix à payer pour que tout le temps passé dans la salle de musculation serve tout autant la performance que la prévention.
Nous avons choisi de démarrer une série d’articles sur le sujet, en explorant tout d’abord les risques majeurs induis par une pratique inadaptée.
La coiffe des rotateurs : zone sensible
La coiffe des rotateurs est mise à rude épreuve dans de nombreuses situations sportives. La blessure fortuite survenant lors d’un accident, ou la répétition d’un geste inapproprié plaçant l’épaule en situation de conflit chronique, déclenchent généralement l’inflammation.
Quand la glène scapulaire, trop peu congruente, est exposée à un mouvement inapproprié de l’épaule, un décentrage ou un dérapage de la tête humérale peut se produire. C’est ce que l’on appelle un «conflit d’épaule». Plus ces conflits d’épaules sont intenses, ou répétés dans le temps, et plus ils vont exposé les muscles de la coiffe à l’inflammation.
En effet, c’est justement entre la voûte coraco-acromiale et la tête humérale que passent les tendons des muscles de la coiffe. Ils peuvent alors se retrouver «pincées» entre la tête humérale et la voûte coraco-acromiale.
Illustration : Vue de dos de l’épaule.
La voûte coraco-acromiale est composée de l’acromion, de l’articulation acromio-laviculaire, de la coracoïde, et du ligament acromio-coracoïdien.
La coiffe des rotateurs est composée quant à elle de 5 muscles : le supra-épineux, l’infra-épineux, le petit rond, le sub-scapulaire et le long biceps.
Les conflits d’épaule
Pratiquement, les conflits d’épaule surviennent en fin de mouvement, et sont douloureux au point de perturber la bonne exécution du geste sportif. Ils résultent d’une utilisation intense, et répétées de l’articulation créant par leur inadaptation biomécanique, un frottement ou un cisaillement entre l’os et un ou plusieurs tendons ou bourses séreuses. De nombreux mouvements de musculation régulièrement mal utilisés exposent le sportif à des conflits d’épaule, et sont donc potentiellement traumatisants. Sans prétendre à l’exhaustivité, nous vous présentons ici les grands classiques.
- Élévation latérale
Tout d’abord l’élévation dynamique latérale d’haltère court (ou d’élastique) debout, visant généralement le renforcement du deltoïde moyen (voir illustration).
La plupart des débutants commentent spontanément cette erreur technique, qui, si elle n’est pas corrigée, conduira inévitablement à la blessure. Pour éviter cela, l’exécution correcte aura pour finalité du mouvement l’élévation de la pointe du coude au niveau de l’épaule. Autant que possible, c’est le coude qui guidera l’angle et l’élévation du bras, et non le poignet, favorisant une rotation interne du bras, et une activation du muscle trapèze.
- Le tirage haut
Autre exemple exposant l’épaule à un conflit antéro-supérieur, le tirage haut, souvent utilisé dans les «rowing verticaux», ou les mouvements techniques et semi-techniques d’épaulés. On peut de plus en plus fréquemment observer cette -grave- erreur technique à l’entraînement, depuis l’émergence incontrôlée du crossfit, que ce soit au cours d’épaulés ou tirages verticaux dynamiques, avec barre ou kettlebell (voir illustration). La hauteur du tirage, l’écartement des mains, mais surtout la trajectoire de la barre (le plus près du corps possible), renvoient aux fondamentaux haltérophiles que nous aborderons ultérieurement.
- Le développé-couché
Enfin le travail du grand pectoral, notamment au cours du mouvement «star» des salles de musculation, le développer coucher, qu’il soit pratiqué avec haltère ou barre conventionnelle, peut être, si il est mal réalisé, une menace pour la stabilité de la tête humérale. Notons que ce mouvement est fondamentalement problématique. De même qu’il n’est pas bénéfique pour la santé neurologique d’un boxeur de recevoir des coups dans le visage, ou pour la sanité rachidienne d’un judoka de se faire projeter à plat dos, le force-athlétiste expose systématiquement son épaule lors de l’affrontement compétitif en développé couché.
Utilisé dans un cadre loisir (donc sans nécessairement rechercher la meilleure performance possible systématiquement), les effets négatifs de cet exercice particulièrement populaire peuvent néanmoins être contrôlés. Bien souvent, les pratiquants assidus favorisent un travail sur banc large (car plus stable), et une prise écartée (voir illustration).
La verticalité de la charge parachève de figer l’omoplate dans le banc, alors que le raccourcissement du pectoral, qui provoque un glissement de la tête humérale en avant de la glène de l’omoplate, nécessiterait justement plus de mobilité de cette dernière. S’en suit un décentrage antérieur provoquant les classiques douleurs antéro-internes d’épaule. Dans ce cas également, la maitrise des fondamentaux techniques du développé couché, associée à certains aménagements préventifs, dépasse largement le cadre de cet article. Mais le choix judicieux d’un banc fin, et d’une prise de barre resserrée (dite «anatomique») au détriment des charges les plus lourdes possibles, constituent de premières pistes faciles à suivre pour rendre ce mouvement anatomiquement plus confortable. Dans le cas du travail avec haltère, il conviendra de limiter l’amplitude du mouvement, et ainsi le raccourcissement du pectoral, et donc son effet principal de décentrage antérieur.
Le placement du dos : une préoccupation de tous les instants
Quoi que l’on fasse en musculation, le placement du dos est un fondamental. Encore plus pour les mouvements de tirages, ou encore pour les mouvements debout.
Dos rond, ou à l’inverse en hyper-extension incontrôlée, dos non-verrouillé (comprenez par la là passivement mobile durant le mouvement), cyphose exagérée, sont autant de défauts techniques constatées couramment à l’entraînement et risquant d’entraîner de très graves pathologies.
La région lombaire est la plus souvent incriminée. Elle est bien souvent la conséquence d’une inflammation des petits muscles intervertébraux profonds reliés au transverse. Une rotation inappropriée répétée, une hyper-extension de la colonne vertébrale, sont les raisons les plus couramment diagnostiquées quant à l’inflammation lombaire spontanée. D’un point de vue structurel, on peut citer l’inflammation chronique liée à une pratique inappropriée des abdominaux (par exemple les battements à ras du sol, qui par antéversion du bassin provoque l’activation des psoas iliaques, eux-mêmes directement insérés sur les lombaires), mais aussi la négligence des muscles transverses (activables par différentes techniques lors des séances d’abdominaux), pouvant transférer les contraintes vers les muscles profonds vertébraux. Illustration : Anatomie lombaire.
La région lombaire est d’autant plus exposée dans la dynamique d’un squat, d’un tirage, ou pire encore d’un soulevé terre effectué «dos rond», ou bassin en rétroversion (voir illustration).
Le sportif (ou le coach) donnant sur le placement juste et sécuritaire la priorité au nombre de répétitions maximal, ou au poids maximal de la charge, s’expose ainsi à de lourdes discopathies. L’arrondissement du dos guette en effet tout sportif ne respectant pas la règle d’or suivante «le prix d’une répétition supplémentaire n’est jamais la détérioration du geste technique».
Le prix du mouvement de trop, lorsqu’un sportif persiste pour poursuivre sa série mal placé, est ainsi de comprimer l’avant des disques vertébraux, et d’en allonger l’arrière, risquant de propulser, si le disque est fragilisé, le noyau vertébral en arrière, comprimant les structures nerveuses vertébrales. Cette pathologie particulièrement douloureuse et incapacitante, survient généralement entre L3 et L4.
Trois éléments combinés permettent de sécuriser le placement du pratiquant.
- Tout d’abord l’extension dorsale à l’amorce du mouvement: l’antéversion contrôlée du bassin permet de garantir un dos au minimum plat tout au long de la mise sous tension de la colonne vertébrale. En outre, cela évite, et tout particulièrement au niveau de L3 et L4, le pincement antérieur des disques intervertébraux.
- Sortir la poitrine,
- tirer les épaules en arrière en resserrant les omoplates l’une contre l’autre parachèvera la posture dorsale idoine, empêchant la poitrine de basculer vers l’avant, entraînant l’arrondissement du dos. N’oubliez pas d’activer les muscles profonds responsables de la posture et de la pression abdominale aidant à maintenir le dos en place.
N’oublions pas que la blessure dans la pratique anarchique de la musculation est plus souvent chronique et sournoise, qu’aigüe et spontanée.
L’une des pathologies dorsales les plus répandues est ainsi la cyphose anormalement prononcée (généralement associée à une fuite des épaules en avant). Si cette pathologie peut être totalement posturale, souvent liée au psychologique (notamment à l’adolescence), dans le cadre de la musculation, elle est favorisée voire totalement provoquée par différentes pratiques incohérentes. Le renforcement prioritaire (et parfois exclusif) des muscles pectoraux, où à l’inverse l’absence de travail des muscles entourant les omoplates et de la coiffe des rotateurs sont les explications les plus courantes.
Ainsi le gainage scapulaire constitue tout autant une priorité, même si l’impact esthétique est minime, que le renforcement de la chaîne de répulsion. Plus que jamais, l’équilibre agoniste/antagoniste devra-t-être respecté pour éviter toute pathologie posturale dorso-scapulaire. Enfin, chaque tirage sera précédé d’une activation des muscles de la coiffe par une rotation externe des épaules, et une activation des fixateurs d’omoplate en resserrant les omoplates l’une contre l’autre.
Aurélien Broussal Derval
Préparateur physique d’athlètes de Haut Niveau
Co-auteur des livres « La préparation physique moderne »
et « Les Tests de terrain »
Bibliographie.
-La préparation physique moderne, Aurélien Broussal-Derval et Olivier Bolliet, 2nde Edition, 2012, Editions 4Trainer.
-Guide des mouvements de musculation, Frederic Delavier, 5ème Edition, 2012, Editions Vigot.
-Suivez l’auteur sur Facebook (Aurélien Broussal) et Twitter (Twittorel).
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La pubalgie chez le runner par Fabrice Bedin
Lorsque l’on parle de pubalgie, on se doit de faire un point sémantique sur le sujet. On entend souvent à tort et à travers des “diagnostics” de pubalgie alors qu’ils ne reposent sur aucune origine de la structure lésée. Je m’explique … La pubalgie est comme son étymologie l’indique une algie du pubis donc une douleur de la zone pubienne. La pubalgie est donc un symptôme et non une pathologie (maladie). Ce qui signifie qu’il faut en déterminer la cause (l’étiologie).
De nombreux diagnostics sont possibles. Dans un souci didactique, je vais me contenter des plus fréquents en les détaillants et citer les plus rares.
Il faut savoir qu’en médecine, on considère que ce type de douleur arrive majoritairement chez le sujet jeune sportif surentraîné.
Le traitement ne peut être abordé dans cet article car ce dernier dépendra évidemment du degré d’atteinte de votre pathologie.
Pour en savoir plus, clic:La pubalgie chez le runner par Fabrice Bedin 1
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LA CHAUSSURE DE SAUT EN HAUTEUR
LA CHAUSSURE DE SAUT EN HAUTEUR, UNE SUCCESSION D’INNOVATIONS par Thierry Blancon
Matelas en mousse, pistes synthétiques… Après 1968, le matériel de saut en hauteur change totalement. Les chaussures de saut qui équipent les athlètes suivent cette révolution mais les transformations sont la suite d’une lente évolution qui avait débutée dès la fin du 19ème siècle.
On ne pourrait pas parler de saut en hauteur sans rappeler qu’au cours
des décennies, les chaussures ont apportées un gain supplémentaire à cette
spécialité.
Coïncidence?
Si les chaussures à pointes étaient très polyvalentes, elles sont devenues assez rapidement spécifiques. Plus de dureté, des pointes aux talons… C’est pourtant vers les années 50 qu’il faut concentrer notre attention. Jacques DUDAL se rappelle avec malice:
« En 1953, avec Victor SILLON, nous sommes allés à MOSCOU. Nous avons rencontré un entraîneur du nom de DYATCKOV. C’était un personnage rigoureux qui s’intéressait à tout. Victor a fait quelques démonstrations et notamment de notre dernière habitude qui consistait à placer une surélévation de quelques centimètres à l’appel. L’impulsion s’en trouvait modifiée. Le sauteur était obligé de « monter davantage sur l’appui » et de se servir de ses segments libres. Le dynamisme de l’impulsion et la verticalité étaient accrus. DYATCKOV semblait intéressé. «
En 1955: Robert PARIENTÉ écrit que le suédois Bengt NILSSON avait montré à MOSCOU une chaussure à semelle épaisse. En 1957: le Soviétique Yury STEPANOV battait le record du Monde du saut en hauteur. La chaussure d’appel avait été transformée de manière à surélever de 3 à 4 cm l’avant du pied par rapport au talon! L’ingénieux DYATCKOV avait eu l’idée de placer un mini tremplin sous le pied d’appel (cf. dessin #1). Les petites idées font parfois du chemin.
Dessin #1, d’après un croquis de l’ÉQUIPE, le prototype mis au point par les Soviétiques (image fournie par Michel JAZY, Adidas).
Beaucoup ont pensé que l’astuce consistait à surélever le pied d’appel par rapport à l’autre : l’épaisseur élèverait d’autant la hauteur du Centre de Gravité au décollage. Dans cette optique, la différence d’épaisseur entre le talon et l’avant du pied ayant été rapidement limitée à 13 mm certains ont essayé de ne pas mettre de chaussure côté jambe libre. Mais la semelle compensée offrait d’autres avantages. Le Dr ANDRIVET faisait observer que l’épaisseur augmentait le rendement du mollet:
« On s’est aperçu que surélever l’avant du pied par rapport au talon provoque un étirement, une mise en tension importante du mollet (cf. dessin #2). L’étirement du fuseau neuromusculaire entraîne une forte contraction réflexe du triceps sural et la performance s’en ressent sensiblement. »
Un modèle de référence…
Dès les années 70, on arrive à un modèle de référence qui sert encore de base de construction aux modèles actuels (cf. photographie).
C’est la chaussure d’appel de Gislaine BARNEY, la première française à franchir 1,80 m qui est photographiée ici. Aujourd’hui, les sauteurs ne voudraient plus de ce type de chaussure qu’ils estimeraient, à raison, dépassée mais celles qu’ils portent aux pieds ne sont pas si différentes de modèles plus « vintages ».
Innovations, innovations & encore innovations…
La concurrence et la règlementation sur le matériel s’assouplissant, pas à pas, les constructeurs innovent depuis un quart de siècle. Pour premier exemple, le règlement autorise jusqu’à onze pointes par chaussure (ce n’était pas le cas dans les années 60-70): cette possibilité est totalement exploitée mais pour une adhérence encore meilleure des essais sont faits pour que les semelles soient antidérapantes sans pour autant perturber les sensations plantaires des sauteurs par le trop de reliefs qu’elles pourraient présenter.
Pour deuxième exemple, les matériaux, les textiles sont de plus en plus légers: les chaussures le sont aussi mais aujourd’hui ce confort ne nuit pas à la dureté de la semelle ou à la rigidité de la coque. C’est un point technique indispensable qu’impose une prise d’appel à la fois tonique et sécurisante.
DEMAIN ?
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