Comment le microbiote gouverne notre cerveau – Le cerveau, un deuxième intestin – Denis Riché
« LE DEUXIÈME INTESTIN», LE SIÈGE DE NOTRE « MENTAL »…
Introduction : Quand les sportifs ne montrent plus l’exemple.
Les champions qui ont réussi représentent l’archétype des individus qui possèdent un « mental »… puisqu’ils ont gagné dans un contexte hyper-compétitif. Pourtant, dans certaines circonstances, ces mêmes icônes, de manière imprévisible, dérapent et expriment des « failles mentales », à l’instar du coup de tête de Zinédine Zidane en Finale de la Coupe du Monde de Football en 2006, ou de Marie-José Pérec qui s’enfuit précipitamment d’Australie le 20 septembre 2000, l’avant-veille de la phase finale du 400 m (le début des séries). et renonce à ses 4èmes Jeux Olympiques.
Pourquoi ? Personne n’arrive à comprendre ce paradoxe. En prenant quelques exemples dans le domaine de la préparation mentale et du jargon qui le caractérise, on verra que, finalement, on voit ce « mental » ni plus ni moins que comme un muscle de volonté qui doit apprendre à dominer les émotions.
Les aspects techniques et mentaux ne concernent-ils pas aussi le cerveau et les émotions sont-elles sans influence?
La fatigue physique influe-t-elle sur les performances cognitives?
Le stress est-il seulement lié aux événements extérieurs?
Et quid du « 2ème cerveau »? L’activité physique et le stress peuvent-ils agresser l’intestin?
Finalement, comment est-ce que tout cela marche?
Vous pouvez des à présent commander le livre: https://www.denisriche.fr/mes-ouvrages/comment-le-microbiote-gouverne-notre-cerveau/
Rappel :
Dès que De Boeck mettra an ligne la fonction “acheter le livre”, nous vous indiquerions le lien. Pour l’instant sur leur site, figure uniquement la présentation du livre, et la date de parution à savoir, le 18 janvier 2021.
Vous aurez 2 options :
1- commander le livre directement sur le site de l’éditeur ou sur d’autres sites de distributeurs
2- nous commander le livre, car vous avez souhaité une dédicace, et nous ferons l’envoi à l’adresse postale de votre choix. Les frais de port seront à votre charge.
Nous gardons précieusement vos emails, et nous avons élaboré un tableau de bord de suivi, afin que nous soyons au rendez-vous le jour J.
Merci encore pour vos soutiens, vos encouragements et votre engagement à nos côtés.
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STRATEGIES ALIMENTAIRES ET HYDRIQUES POUR OPTIMISER SA RECUPERATION par le Dr Julien LOUIS
STRATÉGIES ALIMENTAIRES ET HYDRIQUES POUR OPTIMISER SA RECUPERATION par le Dr Julien LOUIS – COLLOQUE ORGANISÉ PAR L’AEIFA et la LIFA – Novembre 2014
Notes prises à partir de l’intervention du Dr Julien LOUIS Chercheur, Chargé de Mission au Laboratoire Sports, Expertise et Performance du département recherche de l’INSEP, lors du colloque du 16 novembre « La récupération pour la performance ».
Les Facteurs de performance :
– optimiser ses performances
– Augmenter sa masse musculaire
– maintenir son poids
– bien dormir
– éviter les infections, rhumes
– Rester concentré
– bien s’adapter à la chaleur/ au froid
– récupérer
– Eviter les blessures
– Eviter le surmenage
Pourquoi récupérer ? Suite aux altérations des fonctions : mécaniques, métaboliques, cognitives qui sont dépendantes de l’exercice précédent… (durée, intensité) et du suivant…..
Pourquoi améliorer la récupération ?
– Adaptation plus facile aux charges d’entraînement
– Diminution du risque de surcharge
– Réduction du risque de blessure
– Améliorer la répétition des performances
S’alimenter pour Récupérer
La récupération nutritionnelle implique une variété d’issues et de stratégies :
– Quels sont les besoins que je dois restaurer après cet entraînement ?
– Quels sont les aliments qui vont faciliter ma récupération et combien en prendre ?
– Quelle hydratation en récupération et pour quels effets?
Pour en savoir plus: STRATEGIES-ALIMENTAIRES-ET-HYDRIQUES-POUR-OPTIMISER-SA-RECUPERATION-Copier
Attention à l’anémie du coureur ! par Simon Benoit, médecin – Distances +
Attention à l’anémie du coureur !
Rien ne sert de s’entraîner si notre corps n’est pas équipé d’un « bon véhicule de transport » d’oxygène. Une carence en globules rouges, nos transporteurs d’oxygène, peut porter atteinte aux performances et à la qualité de vie des coureurs. Voici ce qu’il faut savoir sur l’anémie du coureur.
Retour sur les notions de biologie du secondaire 3
Le sang est composé du plasma et, entre autres, des globules rouges, des globules blancs et des plaquettes. L’oxygène, qui sert de carburant au cerveau et aux muscles, est lié et transporté par l’hémoglobine à l’intérieur des globules rouges. L’anémie est définie par une baisse du taux d’hémoglobine. Il en résulte immanquablement une baisse d’énergie chez l’athlète.
L’anémie du coureur a plusieurs causes :
– Hémolyse (bris de globules rouges)
Le contact des pieds au sol (footstrike) peut provoquer chez certaines personnes un bris des globules rouges. La hausse de la pression intramusculaire liée à l’effort pourrait également être en cause, car le même phénomène est observé chez les nageurs et les cyclistes, deux disciplines sans impact. Lors d’un exercice prolongé, la membrane cellulaire des globules rouges perd sa capacité à se déformer et devient plus fragile et plus encline à l’hémolyse. Chez une grande majorité de coureurs, ce phénomène semble toutefois peu significatif.
Docteur Simon Benoit, collaborateur au magazine Distances+
Simon Benoit est médecin de soins critiques en urgence, en plus de tenir une pratique de bureau axée sur la médecine sportive. Il est membre de l’Association québécoise des médecins du sport. Il est également diplômé en physiothérapie et en chiropratique
Pour en savoir plus: http://distances.plus/nutrition/anemie-du-coureur/
Avec la collaboration de DISTANCES +, Le magazine québécois de la course en sentier
Distances+, c’est le magazine québécois de la course en sentier et du plein air. Des montagnes du Québec aux plus prestigieux sommets de la planète, nous suivons les athlètes sur la piste du dépassement de soi. Passionnés de plein air, nous explorons aussi la vie active, grandeur nature, à travers le pays.
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Epinutrition du sportif par Denis Riché
« L’épinutrition du sportif » est le nouvel ouvrage de Denis Riché, sorti le 30 mai 2017, aux Éditions Deboeck Supérieur.
L épigenèse décrit la façon dont nos gènes, sous l’influence de facteurs environnementaux, s’expriment ou non pour contribuer à notre santé. Leur intervention harmonieuse, sous l’effet de l’entraînement et de notre alimentation, constitue aussi la clef de la réponse à l’exercice. L’ expression de nos gènes dépend aussi de messages en provenance de notre microbiote et de notre système immunitaire.
Ce livre analyse la dégradation physique et sportive dans une perspective plus globale dans laquelle de nombreux troubles, diverses pathologies, allergie, maladies auto-immunes, etc., connaissent une croissance sans précédent.
En savoir plus sur l’auteur
Denis Riché, titulaire d’un doctorat de nutrition humaine et d’un D.I.U obtenu à la Faculté de Dijon « alimentation santé et Micronutrition », partage son activité entre la consultation (auprès des sportifs mais aussi au sein d’un réseau de professionnels de la santé développant la Micronutrition), la recherche de terrain et l’enseignement. Il continue de pratiquer régulièrement le sport et intervient notamment auprès d’athlètes de haut niveaux, de clubs professionnels ou de l’équipe cycliste FDJ.
Tout savoir sur Denis Riché, clic: http://denisricheconseil.com/
Commentaire lecteur:
Dernier ouvrage de Denis Riché … Dix ans d’avance …
Toujours aussi complet, écrit clairement et aux sources précises, cet ouvrage devrait être lu par tout thérapeute et/ou tout sportif – entraineur cherchant à optimiser ses performances tout en restant en bonne santé !!!
A ne manquer sous aucun prétexte !!!
On vous aura prévenu … La performance préventive est en marche ….
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Le mystère des calories disparues par Denis Riché
Toute la diététique moderne s’articule autour de la notion de calories. Seulement, on oublie souvent de préciser les imperfections de la mesure. Manifestement, les calories ne pèsent pas la même chose pour tout le monde!
A la fin de l’année 2005, Gérard Guillaume, médecin de la formation cycliste « La Française des Jeux » a rendu publics les résultats tout à fait étonnants d’une étude réalisée lors du Tour de France 2004 (*).
Chaque jour, on comptabilisait précisément les apports énergétiques des coureurs et l’on estimait le plus justement possible leurs dépenses sur base d’enregistrements de fréquence cardiaque et de puissance de pédalage. En général, les deux valeurs coïncidaient plus ou moins autour d’une moyenne de 5000 calories par jour. Jusque là, tout paraît donc assez normal. Mais les auteurs de l’étude furent interpellés par le cas d’un coureur qui, en dépit d’une absorption de portions alimentaires ridiculement faibles (autour de 2300 calories par jour) ne perdait pas vraiment beaucoup de poids. Voilà qui pose question. Comment se fait-il qu’un homme puisse dépenser plus d’énergie qu’il n’en reçoit? Cette observation en rappelle une autre, tirée du contexte beaucoup plus tragique de la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Lorsqu’on a libéré les prisonniers des camps de la mort, on s’est aperçu que plusieurs d’entre eux avaient survécu avec un apport calorique qui aurait logiquement dû les condamner à mourir d’inanition. Le professeur de médecine Marian Apfelbaum (Université Xavier Bichat), lui aussi rescapé des camps nazis, considère que l’apport énergétique moyen des déportés était inférieur à 800 calories par jour.
Mathématiquement, il en aurait fallu plus du double pour tenir le coup.
Encore une fois, on se demande comment tout cela est possible. Certaines personnes semblent à même de tirer de l’énergie de nulle part. Pour d’autres, c’est l’inverse. Il arrive ainsi que des prises de poids parfois massives sanctionnent des conduites alimentaires relativement banales. On doit alors se rendre à l’évidence. Le métabolisme est capable d’adapter sa réponse dans des proportions qui rend notre système de comptabilité calorique très approximatif.
Ainsi est née la calorie
Les premiers travaux sur les calories remontent au début du XIXe siècle. On désigne ainsi la quantité de chaleur nécessaire pour augmenter d’un degré la température d’un millilitre d’eau. Les physiciens ont ensuite délaissé cette unité de mesure au profit du joule. Mais les physiologistes s’en sont emparés en se fixant pour objectif d’apprécier le coût de n’importe quelle activité physique (marcher, courir, dormir) et de déterminer conjointement la richesse énergétique de la ration. Ces travaux ont débouché sur la mise en évidence du rôle déterminant de la respiration dans le processus de vie. La consommation d’oxygène est apparue comme la clé de voûte de toutes les réactions de l’organisme et on a compris que, grâce à elle, on pourrait remonter à la source des réactions. Dès la fin du XIXe siècle, il était possible d’exprimer en calories la production de chaleur des organismes vivants en se basant sur le relargage du gaz carbonique dans l’air expiré. A partir de là, on pouvait aussi attribuer une valeur énergétique à différentes catégories d’aliments. Il suffisait de faire brûler n’importe quoi dans un système clos en présence d’oxygène et sous la pression atmosphérique ambiante pour estimer ensuite la valeur calorique à partir de la quantité de gaz carbonique dégagée. On constata ainsi que la combustion d’un gramme de sucre ou de protéine délivrait toujours la même quantité d’énergie (4 kilocalories), que l’alcool faisait un peu mieux (7,1 kilocalories) et que le record était détenu par les graisses (9 kilocalories). De façon un peu audacieuse, on a extrapolé ces observations à l’ensemble des organismes vivants. Ce faisant, on commettait déjà une petite erreur.
Certains constituants de notre ration servent à tout autre chose qu’à apporter de l’énergie. Les protéines par exemple. Certes, elles peuvent être utilisées comme carburant d’urgence. Mais la plupart du temps, elles sont utilisées pour renforcer nos tissus. Cette situation prévaut également avec certains acides gras essentiels dits « constitutifs » notamment pour le rôle essentiel qu’ils jouent dans la formation des membranes. Une partie de l’alimentation échappe ainsi aux filières énergétiques, ce qui n’apparaissait évidemment pas dans les premières estimations des scientifiques. Mais cette étape était néanmoins nécessaire pour pouvoir établir les premières tables caloriques des aliments et mener ensuite des enquêtes alimentaires. On allait enfin pouvoir comprendre et analyser des phénomènes aussi étranges que l’amaigrissement et la prise de poids.
Les tables de calculs
Pour déterminer les apports énergétiques d’un individu, il suffit de comptabiliser tout ce qu’il ingurgite et se reporter ensuite aux tables caloriques. En théorie, rien de plus simple. Sur le plan pratique en revanche, cela se complique méchamment. Il est très difficile en effet de mesurer précisément les apports caloriques d’une personne. Surtout dans les enquêtes à large échelle. Dans la célèbre étude « Suvimax » par exemple (**), les chercheurs ont procédé à l’aide de photos dans le cadre d’entretiens personnalisés. Celles-ci représentaient des portions croissantes de différents aliments. On pouvait par exemple voir une assiette avec l’équivalent de 120, 150 ou 300 grammes de riz cuit. Le sujet devait désigner l’assiette qui lui semblait le mieux correspondre à ses habitudes. Même chose pour les pommes de terre ou les pâtes. Il fallait pointer la bonne assiette et recommencer l’opération pour chaque aliment, chaque plat, chaque repas. Notez que cette façon de faire est assez exceptionnelle. En général, l’enquête diététique se contente d’établir des approximations sur la base d’indications floues telles que « petite », « moyenne » et « grande » portion. On peut évidemment être plus précis. Mais cela implique beaucoup de dévouement de la part des sujets de l’étude qui doivent peser chaque aliment avant de le consommer.
Pour cela, on doit placer l’assiette sur la balance avant et après chaque repas en faisant bien attention de ne pas mélanger les différentes catégories de produits! L’une des méthodes les plus classiques consiste à tenir cette comptabilité pendant quatre jours (dont un samedi ou un dimanche) et d’analyser les résultats à la lumière des réponses apportées à un questionnaire précis. Ce système apparemment sans faille possède néanmoins un gros défaut: il est tellement contraignant que les sujets simplifient radicalement leurs habitudes durant la durée de l’enquête. Par exemple, au lieu de peser une cuillerée de chou rouge, une de carottes râpées et deux de céleri rémoulade, que la personne aurait spontanément choisies, elle se contentera de manger quatre portions de carottes.
Certaines habitudes culinaires disparaissent complètement. Imaginez-vous en train de préparer un gratin. Il vous faudra mesurer le poids de chaque ingrédient, puis renouveler l’opération avec les restes laissés dans votre assiette. Plutôt manger de la purée. Évidemment, ce type de décision n’est pas très satisfaisant du point de vue des enquêteurs parce qu’une distorsion apparaît là encore entre les résultats et la réalité. Dans le premier cas, on se fait une représentation relativement fausse d’habitudes exactes. Et dans le second, on aboutit au contraire au reflet juste d’habitudes fausses (1, 9). Pour être plus précis dans la détermination de l’apport calorique, il existe un troisième système: celui de la « double pesée ». De quoi s’agit-il? Le sujet testé est suivi comme son ombre par un enquêteur qui reproduit ses faits et gestes à l’identique. A chaque fois qu’il sélectionne un aliment, son ombre fera de même en déposant sur le plateau de la balance une portion de même type et de même quantité. Tout est alors soigneusement pesé. Évidemment la mise en place d’un tel système nécessite beaucoup de moyens et une infrastructure particulière. On peut même craindre que ce simple changement d’univers n’influence les comportements. Le problème sera alors de savoir quel est le degré de concordance entre ce que le sujet aura mangé dans le cadre de l’étude et ses habitudes tout le reste de l’année. Face à toutes ces difficultés, on finit toujours par recourir à des compromis.
Des coureurs en cage
La question des dépenses est tout aussi complexe. La méthode la plus fiable d’évaluation repose sur l’enregistrement des paramètres de la respiration. Seul petit problème: cela implique de porter un masque en permanence ou de vivre dans une cage de verre. Ce genre d’expérience a néanmoins été mené par le passé. Notamment chez les sportifs. Lors d’une étude célèbre, le chercheur hollandais Fred Brouns était parvenu à recréer in vitro les conditions rencontrées par les coureurs lors du Tour de France. On peut également procéder par extrapolation en se basant sur d’autres paramètres comme les courbes de fréquence cardiaque (13). Ou se reporter à des tables de calculs. On sait qu’on dépense en moyenne 1 calorie par kilo de poids et par kilomètre en courant. En général, cela permet de se faire une idée relativement précise des dépenses lorsqu’il s’agit d’analyser un groupe de personnes. En revanche, la marge d’erreur reste importante lorsqu’on s’abaisse au niveau individuel et certains des sujets semblent échapper alors aux règles mathématiques. Par quel miracle?
Exemple évaluation de la dépense énergétique : source www2.ac-lyon.fr
Mimoun ou Anquetil
Pour les coureurs de la Française des Jeux, le Tour de France 2004 aura été une aventure à la fois sportive et scientifique. Tous les jours, les portions alimentaires étaient soigneusement pesées. On relevait aussi les moindres évolutions du poids et l’on procédait à une estimation quotidienne du taux de masse grasse par la méthode des plis cutanés. Enfin, on enregistrait tous les efforts en relevant les chiffres de puissance de pédalage et de courbe cardiaque. A la fin de l’épreuve, toutes ces données ont été acheminées au service de Médecine du Sport de la Pitié-Salpêtrière qui s’est ensuite livré à un gros travail d’analyse. Il est apparu que les coureurs consommaient une ration moyenne de l’ordre de 5000 calories par jour, avec des pointes plus importantes lors des étapes de montagne. On restait néanmoins très en deçà des chiffres habituels cités par les experts. « Je pense que les anciennes estimations de 9000 calories par jour surestimaient l’apport moyen sur une telle course », note Gérard Guillaume. « Aucun de nos coureurs ne mangeait autant! » L’étude a aussi démontré une perte de poids moyenne d’environ deux kilos sur la durée de la Grande Boucle. Or, chacun de ces kilos perdus représente un équivalent calorique de 8000 calories. Si l’on retranche du total les deux journées de repos et le prologue, ce déficit se constitue donc sur 17 jours de course, ce qui revient à un déficit journalier d’environ 800 à 1000 calories.
Voilà qui explique en partie le décalage observé entre l’évaluation des apports et celle des dépenses. Dans l’ensemble, les chiffres des deux colonnes montraient une bonne concordance. Mais ces moyennes cachaient aussi des cas tout à fait étonnants comme celui de ce coureur qui mangeait moitié moins que les autres et qui tenait néanmoins sa place dans la course sans subir le spectaculaire amaigrissement auquel on aurait pu s’attendre. Son nom ne nous a pas été révélé, mais on sait simplement qu’il ne s’agissait pas d’un novice et qu’apparemment, cette manière frugale de s’alimenter était représentative de ses habitudes. Voilà qui conforte bien l’hypothèse d’une importante diversité des métabolismes comme le pressentait déjà le professeur Creff dans les années 60 (3).
Il avait ainsi estimé qu’à dépense énergétique quasi équivalente, Alain Mimoun maintenait son poids corporel avec un apport calorique trois fois moindre que celui de Jacques Anquetil, soit 2000 calories par jour pour le coureur à pied contre 6000 pour le cycliste. Bien sûr, il fallait prendre ces chiffres avec des pincettes compte tenu des erreurs inhérentes à l’estimation des besoins énergétiques et de la dépense calorique. Mais cela confirme néanmoins une grande hétérogénéité des cas. Lors des grandes enquêtes de santé, il n’est pas rare de relever des différences de l’ordre de 500 à 600 calories/jour entre deux individus de même corpulence et de même activité. De tels décalages existent encore entre l’estimation des dépenses et des entrées chez des athlètes dans les sports d’endurance (5, 10) ou dans une discipline comme le rugby (4).
Cette énigme des « calories disparues » interpelle évidemment le monde scientifique. Manifestement, il existe un paramètre dans l’alimentation humaine que les méthodes actuelles ne permettent pas d’appréhender.
De quoi s’agit-il? On trouve un début de réponse sous la plume de Jean Trémolières qui subodorait déjà l’existence de tels mécanismes d’adaptation il y a trente ans (12). L’Homme diffère de la machine à vapeur, expliquait-il. Il faut le voir comme un « système ouvert » qui ajuste en permanence ses dépenses énergétiques en fonction de la situation. Le calcul des calories sur un strict point de la thermodynamique ne convient pas à la complexité des êtres vivants. Dans un tube à essai, une flamme ne diminue pas d’intensité à mesure que les réserves en carburant s’amenuisent. Dans l’organisme, au contraire, on adapte à tout moment notre train de vie à nos disponibilités de l’instant.
La thyroïde aux commandes
La question se pose désormais de savoir comment ce phénomène prend place et en vertu de quoi il évolue. Face à cette nouvelle question, on raisonne souvent de curieuse façon en s’attardant sur les aspects énergétiques liés à l’activité musculaire. Or, ceux-ci fluctuent relativement. En d’autres termes, le fait de grimper un col à du vingt kilomètres/heure ne permet pas de faire beaucoup d’économies. On peut évidemment supposer qu’il existe des rendements légèrement différents entre coureurs mais cela ne suffit pas à expliquer les différences observées sur le plan alimentaire. En revanche, on peut jouer sur d’autres dépenses, surtout celles dites du « métabolisme de base ». Rappelons que ce terme désigne l’énergie dépensée par notre organisme pour assurer son maintien en vie: température, digestion, respiration, battements du cœur, production d’hormones, etc. On l’estime habituellement à 1000-1500 calories par jour. En clair, il s’agirait de la dépense énergétique d’une personne qui resterait couchée toute une journée dans une pièce à 20 degrés. Elle paraît incompressible et pourtant, on observe des fluctuations importantes d’une personne à l’autre. Ce métabolisme de base comporte en effet quelques postes inutiles qui ne servent qu’à dépenser de l’énergie sans véritable bénéfice de santé. On les appelle « cycles futiles » en français ou « metabolic cycles » en anglais ( 8, 12). A quoi servent-ils? A rien ou pas grand-chose. De manière imagée, on peut les comparer à la situation d’un Parisien qui ferait l’aller-retour sur Orléans pour acheter un pain, alors qu’un boulanger exerce en bas de chez lui. Pourtant, ce gaspillage n’est pas non plus totalement gratuit. Il permet d’entretenir les filières métaboliques et offre en plus l’avantage d’être modulable en fonction des situations. Grâce à lui, par exemple, on pourra résister à la prise de poids. Certaines personnes se caractérisent ainsi par un appétit énorme. Ils mangent sans grossir, grâce précisément à ces cycles futiles qui dissipent ce surcroît d’énergie sous forme d’excédent de chaleur.
L’efficacité plus ou moins grande de ce système explique d’ailleurs que certains prennent du poids alors que d’autres, parfois plus gourmands, restent sveltes. Inégalité des gènes! Dans le cas de famine, on observe la réaction contraire. On suspend les dépenses inutiles pour utiliser chaque calorie dans un objectif de survie. Ce système nous aura donc formidablement aidé tout au long de notre évolution et l’on sait désormais que sa mise en place dépend de la production d’hormones thyroïdiennes, une glande à la base du cou qui sert véritablement de thermostat de l’organisme.
Voilà l’explication des besoins très différents entre les personnes et en l’occurrence entre les coureurs cyclistes. Dans ces fluctuations, l’hérédité joue un grand rôle. Mais il faut également tenir compte des situations de vie. Une période d’effort intensif peut être vécue comme un danger comparable à une famine et entraîner la mise en place d’ajustements métaboliques spécifiques. Chaque fonction devient alors plus efficace dans le but d’économiser une énergie plus rare.
A l’inverse, on observe qu’à la reprise de l’entraînement après une période d’inactivité, l’athlète ressent un appétit plus important, comme s’il devait transitoirement faire face à des besoins accrus, sans doute en raison d’une gestuelle et d’ajustements métaboliques moins efficaces (6). Une étude allemande a montré que les coureurs professionnels mangeaient davantage lors des stages de début de saison que plus tard dans l’année alors qu’ils étaient pourtant confrontés à des dépenses plus élevées en raison du rythme des compétitions. Voilà probablement les mécanismes qui expliquent de manière rationnelle ce mystère des calories perdues.
L’homme est un tube à essai pensant
Au final, on s’aperçoit que notre organisme est doté de moyens performants pour régler avec précision son niveau de dépense énergétique sur les apports, et que l’adoption de stratégies plus ou moins dispendieuses se trouve sous la gouvernance d’un capital génétique différent selon les individus. Un effort comme le Tour de France met en exergue l’existence de ces processus de la même façon qu’un Ironman, une expédition andine ou un ultra marathon. Il nous révèle aussi d’étonnants mécanismes dont on découvre l’existence à travers des manifestations et des témoignages de frugalité qui semblent incompréhensibles en regard de la dépense d’énergie des sujets concernés et des règles classiques de la calorie. On se rend compte ainsi qu’à vouloir, en toute bonne foi, faire entrer l’énergétique humaine dans des équations, on perd de vue son extraordinaire plasticité. Nous ne sommes pas des tubes à essai. Ou alors des tubes à essai pensants!
Denis Riché
Doctorat en nutrition humaine et
Spécialiste français de la micronutrition
(*) : Colloque National Fédéral Intermédical, novembre 2005.
(**): Suvimax: Supplémentation en Vitamines et Minéraux Anti-oXydants. Cette plus grande étude jamais menée en France a consisté, durant 7 ans, à apporter un complément d’anti-oxydants à dose nutritionnelle ou un placebo et de mesurer l’impact de cette démarche sur les taux de cancer et de maladie cardio-vasculaire. Parallèlement à ce travail, les auteurs ont procédé à une évaluation méticuleuse du niveau des apports alimentaires en début d’étude.
Pour adhérer à notre association ou avoir des renseignements, une seule adresse :
AEIFA, 16 rue Vincent Compoint 75018 PARIS
Courriel : aeifa@aeifa.com Internet : www.aeifa.com
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Nutrition du sport – Le jeune sportif par Amélie Fosse
Nutrition du sport – Le jeune sportif par Amélie Fosse – diététicienne/nutritionniste du sport
Introduction
- Changements : développement physique – maturation – personnalité
- Adolescent : indépendance accrue dans le choix de l’alimentation et la préparation de la nourriture
- Les premières performances
Plan
Rôle de l’entraîneur
– Éducation du comportement alimentaire
– Faim
– Satiété/rassasiement
Junk food et solution
– Les besoins
– Énergie
– Micronutriments
– Hydratation
Stratégie éducation nutritionnelle
Pour en savoir plus: intervention nutrition du jeune sportif SO
Pour adhérer à notre association ou avoir des renseignements, une seule adresse :
AEIFA, 16 rue Vincent Compoint 75018 PARIS
Courriel : aeifa@aeifa.com Internet : www.aeifa.com
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Un régime, pourquoi faire ? par Denis Riché
QUELQUES PRÉAMBULES :
L’obésité constitue aujourd’hui ce qu’on nomme un enjeu de santé publique, car elle concerne de plus en plus d’individus de tous âges. Les scientifiques américains qui étudient la question évoquent d’ailleurs une véritable « épidémie ». Pathologie multifactorielle, elle est souvent abordée sous l’angle exclusif de l’équilibre entre les apports caloriques et les dépenses, notamment celles liées à l’exercice physique. L’inactivité croissante d’une fraction de plus en plus importante de la population, portant autant sur le recul de sport que la sédentarisation et l’automatisation croissante de nos tâches, participe évidemment à ce problème. Au point qu’un des objectifs avoués, aujourd’hui, est de faire en sorte que les plus oisifs d’entre nous en reviennent à trois séances hebdomadaires de marche d’une demi-heure, à une allure qui permette encore de chanter.
Ce « minimum vital », très en deçà de ce qu’effectue à l’entraînement le moindre de nos lecteurs, lorsqu’il est prescrit en même temps qu’un programme alimentaire cohérent, se révèle souvent efficace en termes de perte de poids.
Ce qui amène deux remarques. La première c’est que l’existence objective d’un problème de poids chez un coureur aguerri relève d’autres causes que de simples mauvais choix alimentaires, et la résolution de ce problème ne passera pas par la restriction. La seconde, c’est que le sujet affecté d’un excédent de kilos qui choisit de se remettre à la course n’aura le plus souvent qu’à adopter une hygiène de vie appropriée pour voir sa pratique athlétique s’accompagner d’une fonte du gras superflu.
Il existe une autre possibilité à cette volonté d’amaigrissement : celle de perdre quelques centaines de grammes dans le but de gagner en compétitivité. Le raisonnement à l’origine de ce choix est le suivant : Chaque coureur possède une consommation maximale d’oxygène, exprimée en ml/mn.kg, mais qu’on peut aussi traduire en l/mn. Cette cylindrée est assez fidèlement corrélée à la vitesse de course. Imaginons le cas d’un coureur qui pèserait 60 kg et possèderait une V02 de 70 ml/mn.kg, c’est-à-dire une puissance de 60 x 70 = 4200 ml/mn. Suivons son raisonnement : En se délestant de 2 kg, il consommerait cette même quantité d’oxygène de manière différente, à savoir qu’il aurait l’aptitude théorique de 4200/58 = 72 ml/mn.kg. En termes de vitesse, cela reviendrait à une progression de 3,8 x 0,2 = 0,75 km/h. Pas négligeable.
Sauf que ce raisonnement comporte plusieurs biais. D’abord, les efforts nécessaires peuvent conduire à des restrictions qui rendent difficile le respect du programme. Au final, on court plus léger, mais plus fatigué, quelle aubaine ! Quand ce n’est pas, tout simplement, qu’on doit s’arrêter. En effet, s’astreindre à un tel régime, quand on possède peu de masse grasse, conduit nécessairement à une perte de masse maigre, certes au détriment du muscle, mais aussi aux dépens de l’immunité. Le but de l’entraînement étant quand même de s’entraîner et de progresser, on passe dans ce genre d’approche à côté du but affiché.
Par ailleurs une étude récente, menée par le Pr Martin Hoffman de l’Université de Sacramento, a montré que, sans doute à l’étonnement de bon nombre de nos lecteurs, la corpulence moyenne des coureurs entrant dans le « Top 10 » des courses d’ultra est supérieure à celle du reste du peloton. Une prime à la puissance et à la robustesse en somme. Et cela nous ramène au raisonnement précédent. Car l’oxygène consommé par le coureur sert à produire du travail musculaire.
Or, un trailer solide, voire un adepte du renforcement musculaire, va certes gagner du poids (et théoriquement aller moins vite).
Mais on oublie qu’avec la même quantité d’oxygène il fournit plus de travail, donc effectue plus de mouvement, y compris dans les derniers hectomètres de la « Trans Grancanaria Trail » par exemple. De fait, quand on prône la légèreté « coûte que coûte », on s’arrête simplement au milieu du raisonnement ! De ce constat il ressort une chose simple : L’idée qui consiste à vouloir être plus léger pour aller plus vite n’est pas justifiée chez un coureur maigre. On doit substituer à ce raisonnement le suivant : Chercher à être plus fort pour se déplacer à un coût moindre.
Reste le cas de certains amateurs, ces adeptes de la course longue distance qui traînent des kg superflus, n’arrivent pas à s’en débarrasser, s’en plaignent et en pâtissent. Il s’agit, de toute évidence d’un énorme paradoxe. Comment s’entraîner quatre heures par semaine, et parfois jusqu’à dix heures et posséder un excès (relatif…) de masse grasse ? Il faut évidemment admettre que, dans leur cas, il y a un « virus » dans le disque dur. Trois causes peuvent être envisagées à un tel paradoxe. La première c’est l’existence d’un « terrain » métabolique, propice au stockage, lequel s’exprimera notamment à l’occasion de tout arrêt sportif (par exemple lors d’une blessure ou d’une maladie).
La seconde, c’est la présence d’un possible trouble du comportement alimentaire. Le coureur de trail serait face à son assiette comme face au calendrier des épreuves : boulimique et incontrôlable (il paraît que çà arrive !).
Et dans ce cas, la restriction sera sans effet. Évidemment, elle se verra intégralement compensée dès l’arrêt de l’activité (coupure, maladie, blessure, contretemps professionnel) par un accès d’hyperphagie incontrôlée et compensatoire. La dernière tient à de fréquentes carences en micronutriments, dont les répercussions sur notre métabolisme sont connues. Selon les causes du surpoids, la stratégie à adopter variera. En quelque sorte, il faut faire du « sur mesure », et non faire entrer le sujet dans un moule. C’est tout l’inverse de ce qui se passe avec le régime pamplemousse, celui de la « soupe aux choux », du « docteur Dukan » ou que sais-je ? Leur justification est à peu près la même que celle du conducteur qui affirme que : « quand ma voiture s’arrête brutalement, je tape avec un caillou sur la batterie. Parfois elle repart ! »
Reste enfin, parmi les candidats au régime, le cas de tous ceux à qui il ne s’adresse pas, mais à qui on ne le refuse jamais. Les statistiques nous apprennent, par exemple, qu’une femme sur deux fait un régime ou restreint son alimentation. Parmi celles-ci, moins de la moitié présente objectivement un surpoids. La proportion de coureuses en restriction calorique est supérieure encore, beaucoup d’entre elles suivant un régime alors qu’elles sont objectivement maigres. Au-delà de l’idée selon laquelle la légèreté est un atout- ce qui peut conduire à une recherche anti-physiologique de la maigreur, ce constat montre surtout que le poids permet de focaliser d’autres causes de mal-être, et que cette « restriction cognitive », comme disent les psychiatres, évite d’avoir à se poser les bonnes questions sur soi. Cela étant précisé, revenons plus en détail sur les causes d’un éventuel surpoids.
LE PROBLÈME DU « TERRAIN MÉTABOLIQUE » :
Beaucoup de sportifs, au moment où ils arrêtent ou diminuent leur activité, commencent à prendre du ventre et à développer des anomalies biologiques. Surtout après 40 ans, et pas forcément en raison d’erreurs diététiques grossières. Cette anomalie, qui a reçu plusieurs noms, syndrome polymétabolique, syndrome X, ou plus communément « syndrome du gros ventre », présente une forte composante génétique et touche 40% des hommes de plus de 45 ans. Mais avant cela, il se manifeste, parfois avant la trentaine, par cette facilité à stocker. Prenons une image : cette tendance métabolique correspond à l’état d’un individu qui mettrait 70% de son salaire sur son CODEVI et vivrait chichement avec le reste. En raison de cette prédisposition, on stocke beaucoup, même en mangeant raisonnablement.
Le « syndrome polymétabolique » associe des perturbations affectant différents métabolismes, comme son nom l’indique. Il porte à la fois sur celui des sucres, celui des lipides et enfin sur celui du sel. A un stade évolué, il se traduit notamment par une glycémie à jeun supérieure à 1,10 g/litre.
Ce chiffre se situe nettement en deçà de la limite qui correspond au diabète (1,40 g/l), mais il traduit déjà une anomalie dans la régulation de la glycémie. Chez un sédentaire, la barre peut être franchie assez tôt dans la vie. Chez le coureur, l’avidité du muscle pour le sucre et la propension à le consommer en cours d’effort modifie un peu la donne. Cependant, une glycémie à jeun à 0,95 ou 0,98 g/l chez un coureur n’ayant pas encore atteint le cap des V1 ne peut plus être considérée comme tout à fait normale. Si rien n’est entrepris, il franchira tôt ou tard la barre fatidique, après avoir gagné quelques kg mal placés.
L’un des signes avant-coureurs, c’est la facilité avec laquelle on stocke du gras sur le ventre, gras essentiellement fabriqué à partir du sucre. Chez les futurs porteurs du syndrome métabolique, il n’existe pas de grande différence, en ce qui concerne les réponses physiologiques, entre « sucres à index élevé » et « sucres à index bas » (voir le dernier numéro). Tout glucide pris à distance de l’activité augmentera, chez eux, la probabilité de fabriquer du gras… d’où une fréquente prise de poids à l’occasion de chaque interruption de l’entraînement.
A terme, l’existence de ce syndrome s’accompagne de complications biologiques. Or, on sait aujourd’hui qu’elles et le surpoids peuvent s’améliorer de concert, non pas par une politique de restriction aveugle, mais par l’adoption d’un mode alimentaire dont les principes visent à limiter les « incursions » hyperglycémiques, autrement dit, à éviter au maximum les fortes élévations d’insuline. Comment faire ? La prise en charge de ce syndrome devrait répondre à deux objectifs, qui n’ont rien à voir avec la suppression du sucre, des graisses en général ou du cholestérol.
Le premier, et pas le plus facile à satisfaire, consiste à « reformater » le disque dur, autrement dit à mettre en œuvre des acteurs nutritionnels capables de restaurer une meilleure réponse à l’insuline. Certains nutriments comme le chrome, le zinc, les acides gras de la lignée « oméga 3 », ou des aliments réputés moduler l’insulino-secrétion comme l’ail, l’oignon, le soja ou le fenugrec seront précieux dans ce contexte. Le second consistera à éviter les pics d’insuline. Cette stratégie sera plus subtile, dans sa réalisation, que le simple évitement de tout aliment à saveur sucrée. La discrimination entre aliments « à consommer » et ceux « à éviter », fera appel au concept de « charge glucidique », c’est-à-dire à une appréciation des perturbations de l’insuline induites par la consommation de ces denrées. Cela signifie que les fruits et légumes, les légumes secs et les céréales complètes (en quantité raisonnable) seront privilégiés, alors que la plus grande prudence s’imposera à l’encontre des céréales raffinées, du pain blanc, du sucre et des produits riches en sucre. Les glucides seront consommés juste avant, pendant et juste après l’activité, de façon à limiter le risque de les voir se transformer en graisses. De plus, l’approche la plus appropriée consistera à proposer l’adoption d’un modèle méditerranéen d’inspiration crétoise. Cette stratégie préventive devrait être initiée très tôt, chez les sujets à risque, en particulier lorsque leur niveau d’activité physique va décroître.
LES DÉFICITS QUI FONT GROSSIR :
Le fonctionnement de notre métabolisme, la capacité à mobiliser les graisses, et le travail optimal des muscles requièrent la présence à un taux optimal de divers micronutriments, dont l’absence ou l’insuffisance ont un impact souvent insoupçonné sur l’équilibre pondéral ou la faim. Schématiquement, à chaque fois qu’un déficit existe, on descend d’une marche de l’équilibre vers le surpoids ou la résistance à l’amaigrissement. Quels sont les nutriments potentiellement impliqués ? Citons d’abord le fer.
Ce minéral, souvent déficitaire chez les coureuses, participe aux réactions de « lipolyse » (c’est-à-dire de combustion des graisses), ainsi qu’à la synthèse de molécules actives dans notre cerveau, et nommés les neurotransmetteurs.
L’un de ceux-ci, la sérotonine, est plus particulièrement impliqué dans le contrôle des pulsions alimentaires, le rassasiement et la vulnérabilité au stress. Sa synthèse insuffisante, par le biais de pulsions sucrées en fin de journée, d’une tendance accrue au grignotage, d’une perception difficile du rassasiement, va donner lieu à une prise de poids.
Ces prises alimentaires non motivées par la faim (avoir envie de manger ne signifie pas avoir faim) ne dépendant pas de la partie consciente du cerveau, et n’ont aucun lien avec la motivation ni la volonté, contrairement à ce qu’on croit souvent.
Or, beaucoup de stratégies diététiques (par exemple « Weight Watchers », véritables « Alcooliques Anonymes » du surpoids) font appel à la volonté et à la culpabilisation de ceux qui font des erreurs… sans beaucoup de réussite, mais en induisant par contre un sentiment de honte et d’échec qui peut enclencher le cercle vicieux de la prise alimentaire compensatoire. Ce processus explique aussi tous les comportements de fuite rencontrés par ceux ou celles qui « veulent vraiment » perdre du poids, mais ont peur de ceux qui proposent les régimes. Ce sont alors ni plus ni moins des animaux traqués, du moins dans leur cerveau reptilien, celui qui les pousse à grignoter « malgré eux » à 17 h (je le sais, je les ai vus…)
Le deuxième déficit à évoquer, rarement recherché, est celui qui concerne l’iode. Cet oligo-élément est surtout connu pour son intervention au niveau de la glande thyroïde. Cette petite glande située à la base du cou, sert de thermostat à notre organisme, et ajuste notre niveau de dépense.
Toute baisse de production d’hormones par la thyroïde va dons se traduire, potentiellement, par une prise de poids. Quel est le lien avec l’iode, me direz-vous ? C’est le suivant ; La thyroïde élabore une hormone appelée thyroxine qui comporte trois atomes d’iode (T3) sur base d’une autre hormone qui en comporte quatre (T4). Cette production se déroule au terme d’un processus assez complexe qui nécessite, par ailleurs, la présence de fer et de sélénium. Une carence dans n’importe lequel de ces trois produits bloque le processus. L’excrétion urinaire de l’iode sur 24 heures constitue un bon reflet du pool d’iode de l’organisme. Cette mesure pourrait être utilisée de manière routinière, en épidémiologie ou en clinique, pour apprécier le statut d’un individu ou d’une population. On estime classiquement qu’une iodurie (concentration d’iode dans les urines) inférieure à 50 µg par litre, reflète des apports très faibles. A moins de 25 µg/l, on peut être sûr qu’il existe un très sérieux problème. Lorsque cette mesure est réalisée couramment, on peut trouver jusqu’à 66% de valeurs trop basses chez les individus en surpoids ou incapables de maigrir malgré des régimes draconiens… qui sembleraient marcher chez d’autres. J’ai fait ce constat, par exemple, de 2006 à 2010 sur 520 mesures d’iodurie. D’où vient ce déficit ? Il résulte, entre autres causes, d’apports trop faibles. Pour couvrir a minima ses besoins il faudrait avaler au moins une portion de fruits de mer et deux portions hebdomadaires de poissons marins. Faute de quoi, la probabilité de se trouver en déficience augmente…
Les poissons nous amènent vers le troisième des déficits les plus impliqués dans cette affaire de surpoids, celui des acides gras « oméga 3 ». Il paraît étonnant de penser que des carences en graisses puissent empêcher de maigrir ! Et pourtant c’est le cas. Cet apparent paradoxe tient à l’aptitude présentée par certains lipides à influer directement sur l’expression de gènes codant pour des enzymes participant à l’utilisation des graisses. C’est le cas des acides gras de la lignée « oméga 3 ». Lorsque leurs apports atteignent un niveau suffisant, cela va se traduire par la présence d’un plus grand nombre d’enzymes brûlant les graisses par gramme de muscle et de tissu adipeux. Les graisses deviennent alors le carburant privilégié de l’organisme. Cet effet peu connu a souvent du mal à se manifester. Notamment parce que environ 90% des athlètes sont confrontés à un double problème ; d’une part, leur ration renferme trop peu de graisses de la famille « oméga 3 », indispensables au fonctionnement optimal de leur organisme. D’autre part, leur consommation totale de lipides est trop juste. En effet, on confond souvent « manger des graisses » et « stocker des graisses ». Or ces deux situations n’ont rien à voir. De ce fait, tout candidat au régime se restreint en sardines, huiles, oeufs, et se placera immanquablement en situation de déficit et de résistance à l’amaigrissement.
LES PROBLÈMES DE COMPORTEMENT :
La difficulté à maigrir rencontrée chez des sujets très actifs peut aussi, indépendamment des problèmes de déficit et d’un métabolisme désavantageux, relever d’un déficit en sérotonine, molécule dont on a vu qu’elle contrôlait le rassasiement. On la fabrique à partir de notre alimentation, et de nombreux facteurs peuvent influer défavorablement sur cette synthèse. Comment se débrouille-t-on quand elle nous fait défaut ? La consommation accrue d’aliments sucrés est un comportement compensatoire, une sorte d’état d’urgence, qui va répondre en partie à ce déficit, quitte à conduire à des pulsions irrépressibles à l’origine d’un surpoids manifeste. Ainsi, lorsqu’un ancien fumeur débute un sevrage, il arrive souvent qu’il traîne toujours un déficit de sérotonine et qu’il compense par des boulimies de bonbons ou de gâteaux qui peuvent très vite lui faire gagner dix kilos voire davantage, bien plus en tout cas que ce qui résulte du seul arrêt de la consommation de nicotine, qui est un modeste activateur du métabolisme. Comment s’effectue ce basculement brutal du tabac vers les douceurs ? Des travaux très intéressants ont montré qu’une zone particulière de notre cerveau, le « nucleus accumbens », serait la cible de diverses drogues telles que les amphétamines, la nicotine, la cocaïne. Elles interviennent notamment en favorisant la libération de sérotonine.
La solution ne va pas consister à poser des cadenas sur les portes des placards ou à se bander les yeux lorsque vous partez faire les courses pour la semaine. Ni de vous faire, tous les matins, un œuf à la coke… Il va plutôt s’agit de combler ce déficit, par une stratégie individualisée, faisant appel à des compléments ciblés. Il va également s’agir de respecter une certaine chronologie alimentaire, permettant d’influer sur les fonctions cérébrales. L’un des moyens mis en œuvre consistera à manger plus de protéines le matin et à privilégier les féculents au repas du soir. De fait, il faudra associer les deux approches, alimentaire et complémentaire. L’une seule d’entre elles ne se révèlera pas suffisante.
Enfin, l’évocation de la nutrition cérébrale nous renvoie à un autre point : la fausse appréciation de son poids corporel et la volonté de maigrir à tout prix. Les régimes ne constituent pas, alors, une réponse efficace ni souhaitable, en ce sens qu’elle entretient les sujets dans leur déviance comportementale. Un suivi psychologique sera alors plus approprié.
Pour résumer, l’accompagnement du surpoids authentique chez le coureur et la coureuse doit d’abord s’appuyer sur l’identification des causes de ce surpoids, et de là sur une stratégie individualisée qui ne consistera pas à proposer un « copié-collé » du dernier régime à la mode. Il faudra au contraire traiter à la source les causes du surpoids constaté et s’inscrire dans une logique de réforme en douceur dans le temps, plutôt que dans celle de la révolution qui échouera… jusqu’à celle du printemps suivant ! De fait, aucun régime systématique, hypocalorique, protéique, ou autre, n’a a priori grâce à mes yeux. A qui s’adresse-t-il ? Comment ? Pourquoi ? Que cache le surpoids ? En l’absence de réponses claires, on se prépare à un échec, comme dans 95% des cas, statistique établie par les experts quand on analyse les données avec un an de recul. D’où la nécessité de passer à une approche de la question qui soit véritablement scientifique et dénuée de dogme, de croyances, de pensées magiques ou de solutions toutes prêtes !
Denis Riché
Doctorat en nutrition humaine et
Spécialiste français de la micronutrition
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A QUOI SERVENT LES GRAISSES ? par Denis Riché
Même les sportifs les plus maigres d’entre nous possèdent suffisamment de graisses de réserve pour enchaîner plusieurs lectures successives de votre revue favorite sans manger. Grâce à un pannicule adipeux, localisé essentiellement sur le ventre, que d’aucuns considèrent comme une masse inerte plus ou moins inutile. C’est loin d’être le cas.
UN RÉSERVOIR SANS FOND…
Si nous procédions un rapide sondage auprès d’un échantillon représentatif de sportifs, à la question « A quoi sert le tissu adipeux ? », certaines réponses fournies seraient très prévisibles. Il serait d’abord question d’un isolant mécanique, protégeant les organes vitaux. C’est une évidence dans le monde du rugby : « Je pense qu’il faut un peu de graisse pour protéger les muscles, notait avec justesse Jean Paul Garuet à ce sujet (*). J’ai croisé des piliers un peu sculptés avec une taille de guêpe, poursuivait-il. Pas bon signe, je savais qu’ils allaient faire pschitt ! » Au journaliste qui lui demandait s’il revendiquait la graisse, l’ancien joueur de la première ligne de l’équipe de France lâchait spontanément : « Cà oui ! On est des piliers quand même ! Il faut une couche pour protéger les tendons. Les contacts en première ligne, c’est pas fait pour les mannequins. »
On évoquerait aussi sans doute le réservoir d’énergie, masse inerte, souvent perçue défavorablement car, en alourdissant inutilement le joueur, il affecte sa vitesse de course. Comme le note l’actuel international Olivier Milloud : « on doit garder de la puissance, mais améliorer la vitesse et l’endurance, alors forcément on tape dans le gras. » Le compromis entre légèreté et robustesse est souvent compliqué à trouver :
« L’apparence physique, c’est important au coup d’œil, poursuit Milloud, après, il faut voir si le mec résiste au coup de tronche. L’équation mec bedonnant égale mec pas bon ne se vérifie pas. »
De fait, le rugbyman moderne, comme n’importe quel autre sportif de haut niveau en ce début de siècle, est écartelé entre la volonté de posséder un isolant qui le protège et de limiter un poids mort qui le freine. Mais à aucun moment, dans le milieu des profanes, le tissu adipeux n’est vu sous un autre angle.
(*) : « L’Equipe Magazine », 21 juillet 2007.
AVOIR LA BOULE OU AVOIR LES GLANDES ?
Savez-vous quel est l’organe qui, au sein de notre corps produit le plus d’hormones ? Ce ne sont pas les surrénales, ce ne sont pas les ovaires ou les testicules. Il s’agit du tissu adipeux (6). Bien que récente, cette découverte revêt en fait un caractère très spectaculaire, notamment par la diversité et la complexité des molécules qui y sont fabriquées et y circulent. L’origine-même de ces adipocytes et des cellules voisines qui forment ce pannicule est extrêmement troublante.
Comme le rappelle un récent article, l’essentiel du tissu adipeux est composé d’adipocytes, environ les deux tiers du total des cellules présentes, mais on y trouve bien d’autres lignées cellulaires, capables d’exercer une multitude de fonctions et de fabriquer une diversité de molécules pour le moins impressionnantes.
Mais revenons à nos adipocytes. Eux-mêmes possèdent l’aptitude à produire et à libérer diverses molécules qualifiées par les scientifiques de « bioactives ». Leur nature leur fait ressembler fortement à des hormones. Leur origine adipocytaire amène à parler, à leur sujet d’adipokines, un terme qui deviendra de plus en plus courant dans les années à venir. Certaines de ces molécules exercent des actions à distance du tissu adipeux. On pense ainsi à la plus connue d’entre elles, la leptine (découverte en 1994), et dont les effets sur le système nerveux ont été intégralement identifiés ces dernières années (1). D’autres gardent une action plus restreinte, localisée au seul tissu adipeux. Une telle profusion de sécrétions souligne la richesse de communications entre l’adipocyte et les autres organes. Ces échanges contribuent au contrôle du remodelage et du développement du tissu adipeux, de la prolifération et de la différenciation des futurs adipocytes (ce qu’on nomme les précurseurs adipocytaires), ainsi que l’angiogénèse.
Le classement des adipokines et des autres productions du tissu adipeux selon leurs rôles fonctionnels permet de distinguer des grandes familles de molécules affectant divers processus. Une première série peut agir sur le métabolisme des sucres et des graisses. On trouve parmi celles-ci des molécules dont les noms devraient nous devenir très familiers : leptine, adiponectine, résistine, visfatine. Il s’agit aussi, curieusement, des « interleukines » 6 et 10. Ces dernières sont des messagers du système immunitaire et de l’inflammation, et leur présence dans cette liste peut surprendre. Mais en fait, elles peuvent influencer l’orientation du métabolisme et la facilité à mobiliser ou stocker les graisses.
Le tissu adipeux a l’aptitude à fabriquer ces messagers du système immunitaire et, inversement, à réagir à des cytokines périphériques, ce qui peut conduire, par exemple, à des situations de résistance à l’amaigrissement en cas d’inflammation (3).
Il est par exemple admis que l’accroissement du tissu adipeux de l’obèse conduit à un déséquilibre dans la production et la sécrétion de molécules anti et pro-inflammoires, en faveur de ces derniers (11) (*).
Une seconde série règle l’appétit et la régulation de la balance énergétique. Ces molécules donnent en quelque sorte du poids à l’hypothèse du « lipostat ». Rappelons que ce concept suggère que la prise alimentaire pourrait être modulée par le statut du tissu adipeux. Cette modulation reposerait sur des phénomènes allant au-delà du simple aspect énergétique que représente le niveau de remplissage des adipocytes. Quelles sont ces molécules issues du tissu adipeux, capables de modifier notre prise alimentaire ? La plus connue est la leptine, déjà citée ci-dessus. C’est une hormone anorexigène, dont la libération dans l’organisme a pour effet d’interrompre la prise alimentaire. Son intervention limite donc le risque de surpoids, ce que suggère d’ailleurs son nom (qui vient du grec « leptos », qui signifie « maigre »).
Une troisième série jour un rôle tout à fait insoupçonné par une large part du public : Elles participent à l’immunité. Une kyrielle d’acteurs impliqué dans nos défenses se trouvent ainsi dans ce tissu, bien plus que dans la plupart des autres : IL-6, IL-10, TNF-α (Tumor Necrosis Factor), ces notions pouvant permettre de mieux comprendre pourquoi le surpoids majore les problèmes d’arthrose (y compris au niveau des mains), de cancer ou de maladies cardio-vasculaires. Dans ces situations, ce n’est pas tant la surcharge de kilos que les acteurs de l’inflammation qui sont à accuser.
Une quatrième série vient moduler la sensibilité à l’insuline. Cette particularité explique pourquoi le tissu adipeux constitue un acteur déterminant dans l’instauration du « syndrome métabolique », entité clinique complexe déjà évoquée dans ces colonnes (voir « Sport & Vie » n° ) (8, 16). Enfin une dernière série de molécules activent l’angiogénèse (la formation des vaisseaux), et la pression artérielle. Bref, on le comprend, le tissu adipeux constitue une glande qui vient mettre son grain de sel dans un nombre incroyablement important de processus et possède de ce fait un pouvoir de nuisance extrêmement élevé. Est-ce irréversible ?
(*) : Certains travaux récents soulignent qu’en situation inflammatoire aigüe, des ajustements métaboliques se produisent. Certains d’entre eux s’accompagnent d’une surconsommation du tryptophane, ce qui va abaisser la synthèse de la sérotonine (4). Or, cette molécule joue un rôle essentiel dans le contrôle du comportement alimentaire. Aussi, au stade inflammatoire de l’obésité, des prises d’aliments sucrés, à caractère addictif, se produisent et accentuent le surpoids, ce qui provoque un véritable cercle vicieux.
On a donc vu que le tissu adipeux, selon qu’il va plus ou moins se développer, peut déclencher une série de catastrophes à distance. Face à ce constat, et devant ces mécanismes qu’on a longtemps suspectés avant d’en démontrer la réalité, une évidence est apparue aux yeux des scientifiques. Il faut éviter la prolifération du tissu adipeux. Deux mécanismes peuvent conduire à l’apparition d’une surcharge grasse. La première se nomme l’hyperplasie. C’est l’existence d’un nombre anormalement élevé d’adipocytes. La seconde est l’hypertrophie : c’est son remplissage par les graisses alimentaires ou fabriquées à partir des sucres.
A remplissage équivalent de ses adipocytes, un individu qui possède moins de cellules grasses que la moyenne sera exposé à un moindre risque de surpoids. L’inverse est également vrai : celui qui disposerait d’un nombre d’adipocytes supérieur à la norme courrait un risque accru d’obésité. Et dans ce cas, il n’y a plus de limite théorique au remplissage des adipocytes. Le record actuel est actuellement le triste apanage d’un mexicain qui pèse aujourd’hui près d’une demi-tonne (voir l’encadré 1).
Le consensus existant jusqu’au début de ce siècle était de considérer que, hormis quelques âges clefs, le nombre de cellules adipeuses ne bougeait plus. Autrement dit, celui qui sortait indemnes de ces épisodes à risque de développement adipocytaire, pouvait ensuite s’autoriser davantage d’écarts sans encourir le moindre risque de sanction. Nous avons-nous même évoqué cette idée dans ces colonnes. Or, elle est hélas fausse. Les études se sont multipliées ces dernières années afin de mieux comprendre la part de l’innée, celle de l’acquis et le rôle du « timing » dans cette histoire. Nos idées reçues ont été mises à bas.
UN CHILI CON CARNE TROP GRAS !
Un Mexicain de 500 kg a demandé une aide médicale pour ne pas succomber à son «obésité morbide», maladie dont il souffre depuis 20 ans, a révélé mardi la chaîne de télévision mexicaine Televisa. Manuel Uribe, 40 ans, n’est pas capable de se déplacer et vit reclus dans sa maison, où sa mère veille sur lui.
«Je ne me laisse pas mourir, j’ai envie de vivre. Mais pour cela, j’ai besoin d’aide, c’est pour cela que je m’adresse à la communauté scientifique», a-t-il déclaré à Televisa.
Jusqu’à l’âge de 22 ans, raconte-t-il, il vivait et travaillait aux États-Unis, il pesait alors 130 kg pour 1 m 94, «puis j’ai grossi sans m’arrêter, je suis devenu obèse très rapidement (…) Je crois que c’est un problème de glandes».
Il affirme être au régime mais continuer de grossir.
Les médecins lui ont proposé de l’opérer pour lui enlever une partie de la graisse, notamment aux jambes. «Je ne peux même plus me peser. Avant, quand je pouvais marcher, on me conduisait à la balance publique, la dernière fois je pesais 380 kg, aujourd’hui je dois peser 500 kg», dit-il.
CA COMMENCE AVANT MOI…
Le tissu adipeux apparaît au cours de la grossesse. Il entame son développement dès le second trimestre de vie intra-utérine, mais se forme pour l’essentiel au cours du 3e trimestre et après la naissance (7). Le développement de ce tissu se produit à partir de cellules précurseurs (les « préadipocytes »), mais reste possible tout au long de la vie adulte. En effet, des préadipocytes près à se différencier ont été retrouvés chez des octogénaires des deux sexes (2). Le développement du tissu adipeux de l’adulte, survenant à la fois par hypertrophie et hyperplasie est aujourd’hui bien documenté. Personne n’est donc potentiellement à l’abri, même si des vulnérabilités individuelles semblent exister. Il s’agit d’un phénomène irréversible ; le nombre d’adipocytes ne diminue jamais. Une partie du problème reste irrémédiable. L’équipe du Canadien Angelo Le Blanc s’est intéressée au devenir d’ex-obèses venus à la course à pied (12). On a effectivement constaté chez d’anciens gros rendus plus svelte par la réalisation de 80 km de jogging par semaine, un taux d’adiposité moyen supérieur à celle de coureur ayant toujours été maigres. Pourtant, ces ex-obèses possèdent des adipocytes moins replis. On pense donc que leur obésité a en partie été consécutive à cette surabondance de cellules adipeuses. Quelle est la part de l’inné, celle de l’acquis ? Quels facteurs alimentaires sont en jeu ? Comment interviennent-ils ? Comment envisager une prévention efficace compte tenu de l’épidémie d’obésité qui menace ?
On a longtemps cru que le fait de trop manger, ou de trop manger gras favorisait le déclenchement de cette prolifération adipocytaire. En fait, les choses sont plus compliquées. La faute en incomberait principalement au changement de nourriture des animaux de basse-cour ! Celui qui affirme cela est très sérieux. Il s’agit du Pr Pierre Weil, de l’Université de Rennes, qui a rassemblé les conclusions de ces travaux et exposé des données extrêmement inquiétantes dans un ouvrage particulièrement passionnant (« Tous gros demain ? » ). De nombreux travaux menés depuis le milieu des années 90 ont établi un fait d’importance colossale. Il concerne les acides gras poly insaturés ». Rappelons qu’il s’agit de deux familles de graisses d’une importance essentielle à notre survie, puisque à partir d’elles on élabore diverses molécules dont on sait qu’elles modulent l’inflammation, l’immunité, les tendances pro-allergiques, la circulation. Les dérivés des « oméga 6 » sont plutôt pro-inflammatoires et pro- aggrégantes.
Ceux des « oméga 3 » possèdent des effets opposés. Ces acides gras peuvent aussi agir directement sur le développement des adipocytes. En inhibant cette prolifération, dans le cas des « oméga 3 ». En l’activant, au contraire, dans le cas des « oméga 6 ». Le Pr Gérard Ailhaud, du fond de son laboratoire niçois, accuse nommément l’excès d’oméga 6 de provoquer l’obésité. Il n’hésite ainsi pas à affirmer : . Si l’indice d’adiposité (le rapport poids/taille) des enfants de moins d’un an augmente aussi vite, à un âge où le lait est l’aliment unique, on ne peut pas incriminer Mc Do, le grignotage, la télé et le déficit d’activité physique » (13). Le rapport optimal entre les deux familles d’acides gras polyinsaturés est de l’ordre de 3 à 5 « oméga 6 » pour un « oméga 3. Il y a quarante ans, il y avait effectivement dans les laits maternels 5 « oméga 6 » pour un « oméga 3 » (2). Aujourd’hui, les laits maternels contiennent 20, voire 25 oméga 6 pour un seul oméga 3.
L’indice d’adiposité suit exactement la même courbe que le rapport oméga6/oméga3 dans le lait. Comment l’expliquer ? Cela résulte en partie du changement de l’alimentation des animaux, elle-même consécutive aux changements brutaux survenus d ans notre agriculture, avec une offre qui ne suivait plus la demande. Que s’est-il exactement passé ? L’histoire nous est contée par le Pr Pierre Weil dans son livre « Tous gros demain ? ».
Dans les années 70, de plus en plus de Français ont mangé de plus en plus de fromage. Il a fallu davantage de lait l’hiver, de manière à répondre à cette demande accrue.
Or, jusque à ces années-là, l’essentiel de la production de lait s’effectuait au printemps. En cette saison, les vaches trouvaient des les prés l’herbe grasse (riche en « oméga 3 »), qui leur permettait de synthétiser un lait de qualité. Le vêlage se faisant au printemps, les vaches produisaient beaucoup moins de lait ensuite.
Pour contourner ce problème, l’industrie laitière a pu compter sur la « révolution fourragère « , survenue en même temps qu’une plante a connu un important essor sur notre sol : le maïs. Comme l’explique Pierre Weil, dans les années d’après-guerre, la France vise à assurer son autosuffisance alimentaire. La culture du maïs remonte progressivement vers le nord et conquiert les régions d’élevage.
A la même période apparaît l’ensilage, qui permet de conserver des fourrages. La plante va, grâce à cet ensilage, pouvoir être distribuée toute l’année aux vaches dont, simultanément, la période de vêlage va être décalée vers l’automne. L’essentiel de la production laitière surviendra alors l’hiver, au moment où les vaches se nourrissent de maïs et non plus d’herbe.
Mais c’est là que le bât blesse. « Il y a juste un petit problème, explique le Pr Weil. Dans l’herbe grasse, il y a beaucoup de graisses qui appartiennent à la famille « oméga 3 ». Dans le grain de maïs, il y a des graisses aussi, mais de la famille « oméga 6 ». Anciennement, l’hiver, on donnait du lin aux vaches. Or cette plante se caractérise par sa richesse en « oméga 3 ».
En une trentaine d’années, ces changements dictés par la pression économique ont eu des effets dévastateurs, dont on commence seulement à mesurer les conséquences en 2007 : On a créé une nouvelle alimentation animale, qui engraisse les animaux et prépare l’engraissage de ceux qui s’en nourrissent. Comme le note le Pr Ailhaud, les viandes les plus riches en « oméga 3 » (cheval, oie, lapin) sont celles des ruminants qui consomment davantage d’oméga 3.
De même, les poissons gras (pourvu qu’ils ne soient pas issus d’élevage et nourris au grain…) contiennent plus d’oméga 3, en particulier les acides gras dont les noms sont abrégés par « EPA » et « DHA », grâce au plancton ou aux algues qu’ils mangent.
« C’est au fond des océans et dans les champs, dans les pâtures, que poussent les oméga 6 et les oméga 3 qui sont la base de notre chaîne alimentaire. » (15).
De fait, les études menées chez l’animal, puis les observations faites chez l’homme, montrent qu’en accroissant la part des « oméga 6 » dans l’alimentation des animaux on fabrique du lait, des viandes, des œufs trop riches en « oméga 6 ». La femme enceinte fournit donc en « oméga 6 » le tissu adipeux du foetus, ce qui favoriser son développement. L’agression se poursuit avec l’allaitement, la diversification alimentaire…et se poursuit à l’échelle de plusieurs générations nourries aux « oméga 6 »… d’où l’idée de Pierre Weill, selon laquelle, demain, nous pouvons fort bien tous devenir obèses, à moins d’appliquer la parade qu’il a imaginée (voir l’encadré 2).
EST-CE DÉJÀ TROP TARD ?
La composition des huiles (voir le tableau ci-dessus) montre que sous l’effet de la pression des lobbies et de la politique de communication très volontariste de grands groupes de l’industrie agro-alimentaire, travestissant la réalité, le déséquilibre est volontairement entretenu. De fait, le profit est privilégié aux dépens de la santé des générations futures. L’huile de colza, a minima, est à réintroduire quotidiennement. Mais pas seulement (voir l’encadré 2).
Revenons aux sportifs, pour comprendre que le problème posé par cette révolution va au-delà de la gestion du poids pendant et après la carrière. En effet, la prédominance des « oméga 6 » dans nos tissus peut aussi conduire à une tendance pro-inflammatoire, pro-allergisante, pro-agrégante, très largement présente à l’échelle de la population. « J’aurais aussi pu intituler ce livre : « demain tous allergiques ? » ; s’inquiète d’ailleurs Pierre Weill. Cette tendance, qui se retrouve dans toutes les disciplines sportives, à ce que nous en savons, s’avère plutôt délétère. Les résultats de biologie relevés, par nos soins, au sein de l’élite de certaines disciplines depuis quatre ans, ne manque pas d’interpeller quant à la situation sanitaire des athlètes concernés. Les tableaux qui suivent dans l’encadré 3, laissent deviner l’ampleur de ces déficits en « oméga 3 », lesquels sont aggravés par les excès d’acides gras « oméga 6 », créant un terrain pro-inflammatoire, pro-allergisant, et propice à la prise de poids. Face à ce constat que pensent les « experts » qui se penchent sur l’assiette de nos champions ? Selon le diététicien de l’équipe du XV de France : Plutôt que la recherche de l’huile « miracle », une diversification des types d’huiles utilisées (…) est le meilleur garant d’une bonne répartition des acides gras ». (10).
LE LIN QU’IL NE FAUT PAS LAISSER FILER (13)…
Pour Pierre Weil, l’explosion endémique de l’obésité est en partie liée à la perte de « corrélation écologique » entre le sol, l’aliment et l’individu. Pour lui, la clef ne réside pas dans une majoration des apports en « oméga 3 » par les poissons gras. Nous sommes déjà les plus gros consommateurs en Europe, argumente-t-il. Et l’émergence à venir des fermes piscicoles nous prépare peut-être à beaucoup manger de … bœuf à écaille, si le thon et le bar sont gavés de maïs plutôt que de plancton ! Le chercheur breton a eu une autre idée : réintroduire le lin. Les animaux des éleveurs partenaires de son travail ont été nourris au lin. Les volontaires humains qu’il a recrutés ont mangé des œufs, du beurre, du fromage, issus de certains de ces animaux nourris au lin. Ils ont aussi bénéficié d’un pain enrichi aux graines de lin. Le groupe a été étudié sous tous les angles (poids, biologie) et comparé à un groupe « témoin » se nourrissant d’aliments classiques (14-5). A la sortie, perte de poids et amélioration des paramètres biologiques pour les volontaires nourris d’aliments qu’on peut qualifier de « traditionnels ». Pour lui, c’est vraiment une affaire de filière et de choix politique.
Ainsi, un œuf non « bio » pondu par une poule nourrie au lin aura plus d’effets favorables qu’un œuf « bio » pondu par une poule nourri au bon grain !
Le temps que cette transformation se mette en place à plus vaste échelle, le choix des huiles est évidemment crucial. De ce point de vue, il n’y a certes pas d’huile « miracle », mais celle de colza apparaît quand même comme la plus intéressante, et de loin. Et il y a l’hypothèse de la complémentation, encore inenvisageable par les institutionnels, par principe, il y a seulement 5 ans.
Leur position a évolué, à en juger au récent éditorial rédigé par la plume de Bernard Guy-Grand, l’un des plus éminents nutritionnistes français, dans la revue « Les Cahiers de Diététique et Nutrition » (5) : «On sait depuis longtemps que le DHA est l’acide gras prévalent du système nerveux central, de la rétine (…), que sa carence entraîne des troubles de la vision et des cognitions, notamment au cours de la phase de développement chez le fœtus et le jeune enfant. Supplémenter directement? La question mérite d’être posée! »
Denis RICHE
Doctorat en nutrition humaine et
Spécialiste français de la micronutrition
ARTICLES CONSULTES :
(1) : AHIMA RS (2005) : Trends Endocrinol.Metab., 16 : 307-13.
(2) : AILHAUD G (2007) : Cah.Nutr.Diét., 42 (2) : 67-72.
(3) : BOULOUMIE A, CURAT C & Coll (2005) : Curr.Opin.Clin.Nutr.Metab.Care, 8 : 347-54.
(4) : BYRNE GI, LEHMANN LK & Coll (1986) : J.Interfer.Research., 6 : 389-96.
(5) : GUY-GRAND B (200) : Cah.Nutr.Diét., 42 (3) : 117.
(6) : LAFONTAN M (2007) : Cah.Nutr.Diét., 42 (2) : 79-83.
(7) : POISSONNET C, BURDI A & Coll (1983) : Early Hum.Dev., 8 : 1-11.
(8) : POITOU C, CLEMENT K (2007) : Cah.Nutr.Diét., 42 (2) : 90-6.
(9) : RICHE D (2007) : « Micronutrition, santé et performance », De Boeck Ed. 600 p.
(10) : RUBIO D, RIVIERE D- (2007), « Kinésithérapie scientifique », n° 478, p 42.
(11) : TRAYHURN P (2005) : Endocrinology, 146 : 1003-5.
(12) : TREMBLAY A, DESPRES JP & Coll (1984) : Int.J.Obes., 8 : 641-8.
(13) : WEILL P (2007) : “Tous gros demain?”, Plon Ed.
(14) : WEILL P, SCHMITT B & Coll (2002) : Nutr.Clin.Métab., 16 (Suppl.1) : 7-28.
(15) : WEILL P, SCHMITT B & Coll (2002) : Ann.Nutr.Metab., 46 : 182-91.
(16) : ZIEGLER O, TREBA A & Coll (2007) : Cah.Nutr.Diét, 42 (2) : 85-9.
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SIX BONNES RAISONS DE BOIRE A L’EFFORT… par Denis Riché
Le rôle de l’alimentation, y compris en cours d’activité, est souvent envisagé sous un angle essentiellement énergétique. Les allégations et les noms donnés à une grande majorité des produits de l’effort font d’ailleurs écho à cette logique : « booster », « coups de fouet », voire l’expression même reconnue sur le plan de la législation : « boisson énergétique ».
Le débat quant à l’intérêt de leur utilisation systématique à l’effort repose donc sur des arguments situés dans ce registre. La nutrition du XXIème siècle devrait se placer bien au-delà. Il existe au moins six bonnes raisons (souvent inconnues) de consommer une boisson de l’effort lors de chaque sortie.
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Sport et Montagne : Alimentation et Hydratation en Altitude Par Corinne PEIRANO Diététicienne – Nutritionniste
L’exposition à l’altitude soumet le sportif à un environnement particulier avec une absence de ses repères habituels qui exigera de sa part une bonne connaissance du terrain. En fonction de l’activité pratiquée, plus exactement de sa durée, de son intensité et des effets secondaires qu’elle aura sur le plan cardiorespiratoire, dépendront les besoins quantitatifs et qualitatifs alimentaires et hydriques adaptés à l’effort (activité de randonnée, treck, expédition en Haute Montagne, skyrunning, alpinisme, escalade, biathlon, Trail et Ultra TRail etc.).
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